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Jean-Luc Macia Le livret est extravagant ! Jalouse, la reine de Thrace provoque la mort d’Eurydice puis fait lyncher par les Furies Orphée, de retour des Enfers. Un bon nombre de personnages secondaires glissent leur silhouette au fil des péripéties, dans une abondance typique des opéras hambourgeois, mais sur une trame inspirée d’une tragédie française de Michel du Boulay et Louis Lully (fils de Jean-Baptiste). Ecrit dans la langue allemande, le livret contient, selon l’usage de l’époque, des airs ou des choeurs en italien et en français. Telemann composa Orpheus pour l’Opéra de Hambourg en 1726, et le retravailla dix ans plus tard. Perdu, le manuscrit n’a été retrouvé que dans les années 1970, lacunaire. Mais le livret nous est parvenu intégralement, si bien que René Jacobs, aidé par deux musicologues, donnait en scène une version complétée en 1996, et l’enregistrait dans la foulée (HM, cf n°445). Michi Gaigg opte pour la version établie par Peter Huth, qui dure une bonne demi-heure de moins que celle de Jacobs. Les parties françaises ont été sérieusement sabrées, ce qui n’est pas forcément un mal étant donné que les deux qui restent sont incompréhensibles. Jacobs savait théâtraliser
la musique, donner un ton d’urgence aux récitatifs, créer de beaux moments
de passion et d’émotion. Techniquement sans défaut (L’Orfeo — justement -
est impeccable), la direction de Gaigg est d’une grande propreté, mais sans
ressort dramatique; tout se déroule comme au fil d’une longue cantate. Et à
l’exception de Dorothee Mields, le plateau ne peut rivaliser avec la
luxueuse distribution réunie par Jacobs (Röschmann, Trekel, Cura, Ziesak,
Poulenard, Kiehr, Müller-Brachmann !). Markus Volpert campe un Orphée bien
fade, dont les lamentations nous ennuient plus qu’autre chose. Si vous
dénichez Jacobs sur la Toile n’hésitez pas. Gaigg n’offre qu’une version
d’attente. |
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