Texte paru dans: / Appeared in:
Harmonia Mundi |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Philippe Venturini UN CONTRE-TÉNOR À COEUR OUVERT Bejun Mehta et René Jacobs partagent le même soin pour retracer un parcours difficile, où l’art lyrique s’échappe de l’opera seria et de ses zélateurs, les castrats.
Les huit titres retenus couvrent ainsi dix années, de 1762 à 1772, durant lesquelles l’art lyrique décide de s’échapper de la prison de l’opera seria sans se soustraire à ses gardiens les plus zélés, les castrats. Bejun Mehta suit donc les traces de Gaetano Guadagni, fameux créateur du rôle-titre d’Orfeo ed Euridice de Gluck, mais aussi impliqué dans Il Trionfo di Clelia de Hasse, Ifigenia in Tauride de Traetta et Artaserse de Johann Christian Bach. Il emprunte aussi le répertoire d’Angelo Monanni, de Niccolo Reginelli et Giuseppe Cicognani. La virtuosité doit désormais se soumettre à une volonté de réalisme imposée par les compositeurs et les acteurs. Ainsi ce programme refuse-t-il de commencer par un de ces airs claironnants et tempétueux qui font mouche et préfère la sereine arrivée d’Orphée aux Champs-Élysées dans un étourdissant gazouillis orchestral. Cette recherche du naturel sus- cite d’autres pages où l’âme et le chant sont mis à nu. Qui veut du sport trouvera satisfaction dans l’évocation des furies qui poursuivent Oreste (Traetta) ou de la colère d’Arbace (Artaserse de J. C. Bach). Ces airs rarement entendus ne peuvent espérer interprétation plus juste ni plus intense. On ne reviendra pas sur les qualités respectives de Bejun Mehta (émission droite mais phrasés souples) et de l’Akademie für alte Musik Berlin mais on admirera comment ils partagent la même respiration, le même style, le même amour apporté aux nuances. Nul doute que la préparation sous la conduite de René Jacobs y a fortement contribué..
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