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Diapason # 620 (01/2014)
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Alpha 952




Code-barres / Barcode : 3760014199523


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Appréciation d'ensemble:

Analyste:  Gaëtan Naulleau
 

On aurait tant voulu être séduit. Le grand motet français, plaisir du Roi-Soleil à la chapelle chaque matin, dramaturgie spirituelle au même titre que les cantates de Bach, manque aujourd’hui d avocats. Avions-nous besoin d’une nouvelle gravure du Te Deum de Charpentier ? Pas sûr, mais celui que Lully faisait résonner au baptême de son fils en 1677, modèle du genre, méritait une relecture un peu moins rude que celle d’Hervé Niquet aux débuts de son Concert Spirituel (Naxos, 1993). Ce sera pour une prochaine fois. Niquet tenait fermement le vaste édifice ( une demi-heure foisonnante) mais nous agaçait par les flûtes ajoutées à l’orchestre de Lully : Vincent Dumestre surenchérit avec des pipeaux sopraninos, très « fête au village », sans plus de justification historique. L’oreille est écartelée entre leur grésillement sur les tutti, les violons pas idéalement justes, les trompettes opulentes, un basson clairet. Ajoutez un choeur seulement correct, les aléas du concert et la réverbération de la chapelle royale de Versailles, où les timbales font grise mine : curieux effet, à la fois tonitruant et mou, d’une grande pompe sans majesté. Il faudrait la colonne vertébrale d’un rythme fin, net, incisif, pour animer le grand geste choral et instrumental de l’intérieur. Dumestre l’agite en surface, avec de gros crescendos faciles et quelques ruptures de tempos fantaisistes.

Le Te Deum de Charpentier ne lui réussit pas mieux. Dumestre ou bien cavale (dès le Prélude eurovisionnaire) ou bien force l’extase. Peu importe que la partition n’indique aucun changement de tempo après le premier récit de basse, ni à l’intérieur du premier choeur : il dissout l’élan déclamatoire du Te aeternum patrem dans un lento sulpiciano, ose un crescendo-decrescendo subito qui serait mieux venu dans l’Adagio de Barber, suivi aux cordes par un long ralenti hollywoodien. Et hop, il débraie et galope sur Tibi omnes Angeli (précisons que Charpentier, quand il veut qu’on aille « plus viste », sait l’indiquer). Le Te per orbem terrarum n’en finit pas de s’étirer — les trois solistes masculins, tendus, peinent à inscrire leurs ornementations ciselées dans ce grand flou. Le choeur Tu devicto mortis acuelo court la poste, façon sabbat plutôt que danse grand siècle. Le Te ergo quaesumus surveillé de la soprano nous glace quand Véronique Gens (avec Christie et Salomé Haller (avec Gester) nous portaient au septième ciel.

Le plus étrange dans tout cela ? Les notes d’intention, où le chef du Poème Harmonique prône l’emploi d’un tactus unitaire au sein des grands motets.

 

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