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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Philippe Venturini La «
Brockes‑Passion » de Keiser ne manque pas d'atouts, surtout quand elle est
interprétée avec perfection par les ensembles Vox Luminis et les Muffatti. Keiser mit en musique en 1712 le texte
de la Passion tout juste terminé par Barthold Heinrich Brockes, inaugurant
une série de versions signées, entre autres, Haendel (1716), Telemann
(idem), Mattheson (1718), Fasch (1719) et Stölzel (1725). Il ne faut
évidemment pas comparer cette Passion (ni aucune autre !) à celles de Bach
tant ce dernier surpasse ses contemporains par son imagination, son génie
dramatique et son écriture puissante. Si les moments de terreur (le
tremblement de terre lors de la Crucifixion, les vociférations de la foule)
ou de violence (la flagellation du Christ) sont absents, ils sont remplacés
par une narration plus intime (piétiste ?) vraisemblablement inspirée par le
texte allégorique et souvent précieux de Brockes. Cela dit, les beautés ne
manquent pas et rappellent le métier lyrique de Keiser : la désolation de
Jésus après sa rencontre avec Pierre (avec flûte traversière, n°
11), le chœur des Disciples lors de l'arrestation du Christ (n°
24, avec hautbois) ou l'espoir de l'Âme croyante à la toute fin (soprano et
deux bassons, n°
96). Non seulement elles ne manquent pas mais elles sont révélées avec un
soin qui rend enfin justice à cette musique. Zsuzsi Tóth prête généreusement
sa voix lumineuse à la Fille de Sion. Jan Van Elsaker incarne un Évangéliste
toujours sincère et l'inusable Peter Kooij interprète un Christ d'une
douloureuse humanité. . Les voix de Vox Luminis et les instruments des Muffatti se
montrent comme à l'accoutumée parfaits. C'est désormais sous leur autorité
bienveillante (la version éditée par CPO n'est de toute façon plus
disponible) qu'il faudra découvrir cette splendide Brockes‑Passion.
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