Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: | |
Analyste: Philippe
Ramin On attendait depuis longtemps qu'Enrico Onofri propose sa version de l'Opus 5 de Corelli. Pilier du Giardino Armonico depuis la première heure du collectif milanais, pédagogue très recherché par la nouvelle génération des cordes, il développe à présent une carrière de soliste avec son ensemble Imaginarium. Le disque s'ouvre sur la lecture de la dédicace de Corelli à la princesse Sophie Charlotte de Hanovre, enchaînée à la Sonate en ré : effet saisissant, qui souligne les énergies communes à la langue et à la musique italiennes. Les options ornementales ‑ ressort essentiel de la phrase chez Corelli ‑ s'appuient sur une réflexion approfondie. Le violoniste puise sans systématisme dans l'édition Roger, la plus proche du dessein de Corelli, et se montre prodigue en coloratures dans les adagios ; dans certaines danses, il varie les ritournelles au fil du mouvement sur l'exemple de Geminiani, et avec humour (Tempo di gavotta de la Sonate no 9). Le diapason grave ‑ la 390 Hz, un ton en dessous de 440 ‑ renvoie aux usages romains. Le riche continuo présente deux particularités : son violone (Cimapane, 1685) est le dernier vestige de l'orchestre de Corelli, et la harpe s'invite auprès de l'archiluth. Le son clair du violoniste se prête idéalement au chant de Corelli, sa palette de timbres semble inépuisable. Onofri se joue des difficultés de la partition avec une aisance confondante (double cordes, fugatos bondissants), et possède une technique d'archet qui fait à la fois danser et chanter les gigues. Le rubato organisé entre le soliste et le socle du clavecin est subtil, l'entente harmonique des musiciens sans faille. Accompagnée par le seul violoncelle, la Sonate no10 met en évidence une compréhension supérieure du contrepoint corellien. À la fois sérieuse, grandiose et étincelante cette première moitié de l'Opus 5 bénéficie en outre d'une prise de son admirable.
|
|
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |