Texte paru dans: / Appeared in:
*  

Diapason # 620 (01/2014)
Pour s'abonner / Subscription information


Harmonia Mundi
HMC902172

Code-barres / Barcode : 3149020217221 (ID379)

Consultez toutes les évaluations recensées pour ce cd ~~~~ Reach all the evaluations located for this CD

Appréciation d'ensemble:

Analyste:  Jean-Philippe Grosperrin
 

Passons sur la présentation assez flottante du programme, qui postule à la fois comme principe d’unité l’adieu aux carcans formels du baroque, l’avènement classique d’un « langage du coeur» et une « noble simplicité » que partageraient Gluck et Winckelmann. L’intérêt du disque est en tout cas d’esquisser une évolution de l’opera seria entre 1760 et 1772 vers une expression plus concentrée, une énergie redéfinie - en somme, d’une rhétorique d’opéra à une autre. Le Gluck novateur d’Orfeo et son émule Traetta sont en vedette, mais plus encore (en exceptant les airs du jeune Mozart) le castrat Guadagni, créateur de presque tous les rôles présentés ici, et disciple de l’acteur Garrick. C’est lui qui jette un pont entre les héros exaltés et résilients de Métastase (Artaserse de Jean-Chrétien Bach, Ezio viennois de Gluck) et un lyrisme décanté qu’illustrent différemment Hasse en son automne (« Dei di Roma », admirable) et la fusion gluckienne de l’aria dans la poésie du spectacle(« Che puro ciel!»). La noblesse de Bejun Mehta, son feu subtil, son charisme se révèlent vraiment en scène. Le disque lui est moins favorable, surtout que la voix semble ici amoindrie par rapport à son album Handel de 2010, déjà avec René Jacobs (cf. no. 586). La fragilité de l’aigu gêne bien moins qu’un timbre plus astringent, des couleurs raréfiées, un chant moins libre (récitatif compris), des crispations et des instabilités dont pâtissent Orfeo dans son Elysée comme le velours fastueux d’Ascanio in Alba.

La vertu de cet enregistrement est ailleurs : dans une pertinence et un aplomb qui accusent par contraste l’indolence de lestyn Davies dans son récent hommage à Guadagni (cf no 608). Déjà servi par Jaroussky et Rhorer, le « Vo solcando» de Jean-Chrétien trouve ici son vrai ton d’autorité et d’angoisse. Traetta, si inventif et si négligé, est heureusement honoré, et la scène du sommeil d’Oreste harcelé par les Furies domine l’album : à quand une intégrale d’lfigenia in Tauride ? Mais malgré la pulsation de Jacobs, le monologue de Farnace (Mitridate) reste inférieur à ce qu’en faisait Mehta à Salzbourg en 2006 (DVD Decca), et son Ezio de Gluck doit s’incliner devant la pourpre et le caractère de Franco Fagioli (intégrale Oehms, 2007).

Fermer la fenêtre/Close window

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews