This disc of music by Cristobal de
Morales (ca. 1500-1553) is "In many ways I think (...)
one of Hesperion's most successful (and certainly one of the most
striking) contributions to the sixteenth-century Hispanic
repertory. Recorded by the male voices of Capella Reial with
support from viols, sackbuts, organ and dulcian, it inhabits a
sound world that contrasts strongly with any of their other
recordings..."
"The scoring adopted on the Morales disc (for which
incidentally, there is no firm evidence) is mournful, even
lugubrious, but it suits the mood of the music so well that the
overall effect, enhanced by a reverberant church acoustic, is of a
lustrous velvet unremittingly black but with a rich sheen that
catches the light of the musical textures".
"Ultimately, however, the Requiem Mass is the more satisfying
piece, although, conforming to an indigenous tradition of setting
texts of this kind, it, too, is less concerned with contrapuntal
skill and more with a sustained solemnity that has earned Spanish
polyphony of this period the epithets 'austere' and 'mystical'."
"Nevertheless, this disc is so special in the sound of male
voices doubled by those mellow and largely unobtrusive instruments
and, above all, the atmosphere of the recording (it has the feel
of the early hours of the morning about it) that I would say it is
one of the best they have ever made."
"Le choeur masculin de la Capella Reial (avec donc des
contre-tenors pour les parties de superius) est d'une
justesse et d'une cohésion inattaquable... Les violes et les
vents (principalement des cuivres) de l'ensemble Hespèrion XX
apportent un soutien discret et efficace, la parfaite osmose des
instruments et des voix dans les doublures colla parte formant
d'ailleurs l'un de nos principaux objets d'admiration, tout comme
la souplesse de la direction, la beauté de la plastique vocale et
la netteté de la diction. On retrouve avec bonheur les émotions
caractéristiques, le dolorisme recueilli, la réelle
spiritualité qui caractérisent les interprétations les plus
inspirées de Jordi Savall".
Disque miraculeux sur bien des points, ce programme consacré à
Cristóbal de Morales mêle instruments et voix à la perfection.
Composé à Rome en 1544, le Requiem reste l'un des plus beaux du
répertoire, alternant instruments et chant mystique dans l'Offertoire
Celle-ci écrit: " La cathédrale
de Tarragone conserve dans ses trésors une toile de grandes
dimensions qui servait à couvrir le catafalque qu'on élevait pour
les obsèques des Habsbourg. Le tissu de velours noir qui portait les
armoiries de la famille régnante, devait produire un fort impact à
qui le contemplait d'autant plus aujourd'hui, si nous devons
reconstituer mentalement ce que furent les funérailles de l'Empereur
Charles Quint ou celles de Philippe II dans les grandes cathédrales
du monde hispanique. La musique fut l'élément indispensable de ces
événements. Elle fut chargée d'envelopper l'auditeur d'un drap de
velours noir, dans une sonorité dense qui le plonge dans la
tristesse, indépendam-ment de ce qu'il ressent pour lui-même
et pour le défunt".
"Seuls les grands maîtres de l'histoire de la musique sont parvenus
à faire de Requiem, une oeuvre maîtresse. Ses origines sont
les planctus médiévaux, parmi lesquels demeure célèbre
Fortz chausa es de Gaulcelm Faidit, écrit pour la mort de
Richard Coeur de Lion. Elle suit ensuite les déplorations, la
plus extraordinaire étant celle que composa Josquin Desprez à la
mort de Ockeghem (Nymphes du bois), pour aboutir enfin aux
messes polyphoniques de Requiem. Si l'Officium defunctorum
dont il subsiste une copie à la cathédrale d'Avila et une autre à la
cathédrale de Puebla au Mexique, et la Missa pro defunctis à
5 voix du Missarum liber secundus (Rome, 1544) s'imposent par
leur profondeur et leur beauté, un phénomène semblable se produit
dans la version qu'en donne Jordi Savall, à la tête de la Capella
Reial et de l'ensemble Hespèrion XX. Les deux compositions sont a
cappella. Cela n'ôte en rien à cette re-création
intelligemment réalisée grâce à un indiscutable talent musical qui
impressionne l'auditeur. Savall souligne, dans le style qui lui est
propre, l'ensemble et chacune des voix de la polyphonie en associant
les instruments de l'époque, orgue inclus. Le résultat est une
lecture beaucoup plus riche par sa couleur musicale que l'original
de Morales; lequel aurait certainement apprécié l'usage des moyens
propres à restituer l'esprit de son oeuvre".
This commentary is a continuation of an
article by Maricarmen Gómez entitled "Spanish Music in the
Days of Philip II', published in
Goldberg Magazine (no. 5, Autumn 1998).
"Among its treasures, the Catheral of
Tarragona preserves a very large cloth that was used to cover the
tumuli that was erected to celebrate the funerals of the Hapsburgs.
The cloth, made of black velvet and displaying the coat of arms of
the governing family, has a profound impact on those who see it,
especially if we mentally go back to what must have been emperor
Charles V's or Philip II's funeral in the great cathedrals of the
Spanish world. Music was an essential element in those events,
enfolding the listeners in a black, velvet cloak of sound, dense
enough to throw them into grief, regardless of their feelings for
the deceased".
"Only the great masters in the history
of Music managed to make masterpieces out of Requiems. Their
remote antecedents are medieval laments, some of which became as
popular as the famous Fortz chausa es of
Gaulcelm Faidit, composed to mark Richard the
Lionheart's death. Then came the lamentations, the most
extraordinary of which was the one written by Josquin (Desprez) for
Ockeghem's death (Nimphes du bois), to finally lead to
polyphonic Requiem Masses, two by Morales, one for 4 voices and the
other for 5 as well as the Officium defunctorum, some of the
best examples of their genre in the Renaissance".
"Both the Officium
defunctorum, of which one copy is kept at the Cathedral of
Avila, and the other in Puebla Mexico and the Missa pro defunctis
for 5 voices of the Missarum liber secundus
(Rome, 1544) impress by their depth and beauty. The same is true
with the version by Jordi Savall at the head of the Capella Reial
and Hespèrion XX. Both compositions are a cappella and
as far as is known, they were never interpreted in the past with any
instrument other than the organ or the basson. That is no obstacle
for the intelligent and musically talented re-creation of whatever
may produce an impact on the listener. Savall highlights each and
every voice in the vocal polyphony with instruments of the period
including the organ, which makes for a more colorful version than
the original by Morales who probably would have praised it, or even
suggested it, if he had had the means to imagine it".
Analyste: Ivan
Moody Texte légèrement abrégé:
(N'a pas été reproduit sur le site de Goldberg)
"Voila un disque classique d’Hespérion. Il
utilise le prétexte de la cérémonie des funérailles de Charles V qui
eurent lieu à Mexico en 1559 pour élaborer une fable. Et comment la
fable est contée ? La Missa pro Defunctis en cinq mouvements
fait partie du livre de 1544, et se complète par des mises en
musique de Morales pour l’Office des Morts conservées dans
les archives de la cathédrale de Puebla au Mexique, elle est connue
pour avoir été chantée lors des obsèques impériales. "
" Ce que l’on sait
des interprétations ibériques et latinoaméricaines sert de
justification à l’utilisation d’un large ensemble de violes,
d’instruments à vent et d’orgue ainsi que des voies (masculines) que
l’on retrouve dans le présent enregistrement. » « … la musique est
interprétée avec un tel sens de componction, une telle profondeur de
sentiment et transmet bien la beauté cristalline de la musique de
Morales… "
" On peut ressentir, et de la façon la plus
extraordinaire, comment Morales, l’artiste liturgique, dénude
l’intimité de son âme devant le Créateur. Vraiment, il s’agit d’un
très bel enregistrement ".