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Opéra Magazine # 100 (11/2014)
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Erato 2564623177




Code-barres / Barcode : 0825646231775

Appréciation d'ensemble:
Analyste: Laurent Barthel

 

Quittant Deutsche Grammophon ‑ elle y avait notamment proposé un récital Bach d'un intérêt inégal, mais que nous avions trouvé prometteur…, Nathalie Stutzmann continue chez Erato son petit tour discographique de la musique baroque. Il s'agit, cette fois, d'un album Haendel, gravé en studio, en mai 2014, où elle assure à nouveau, simultanément la partie vocale et la direction de son petit ensemble Orfeo 55. Comme pour la plupart des récitals haendéliens récents, le choix des pièces s'inscrit dans une thématique particulière, mais qui n'est, cette fois, ni dramatique, ni psychologique. Le titre, Heroes from the Shadows (Héros de l'ombre), renvoie simplement à ces personnages de second ou troisième plan dont fourmillent les opéras du compositeur, et dont on écoute distraitement les airs (souvent stéréotypés, à vrai dire), en attendant qu'il se passe des choses plus consistantes, au risque de négliger quelques perles. Ces instants particuliers, Nathalie Stutzmann a tenté d'en réunir un aperçu ; et l'on parcourt effectivement avec intérêt ces pages plus cachées, qui n'étaient pas destinées aux plus célèbres sopranos et castrats du moment. Comme pour le disque Bach, elle a intercalé une poignée de sinfonie et de musiques de ballet, avec une véritable inspiration dans les nuances et l'invention du continuo, même si cette partie du récital peut paraître moins nécessaire. En bonne forme vocale, malgré un timbre dont elle ne réussit pas toujours à masquer la légère usure, la contralto française vient aussi rééquilibrer, à point nommé, l'actualité haendélienne, monopolisée par les falsettistes. Belle occasion d'apprécier un timbre plus homogène du haut en bas de la tessiture, avec une technique fondamentalement plus solide, au risque d'une certaine monotonie que les aléas d'émission des contre-ténors dissipent plus facilement, en usant intelligemment de leur apparente fragilité. On peut d'ailleurs directement comparer, puisque Philippe Jaroussky est invité en plage 14, dans le superbe duo Cornelia/ Sesto de Giulio Cesare. Et puis, dans les vocalises de Nathalie Stutzmann, signalons une absence de nasalisation bien agréable, qui nous change de quelques voix féminines très en vue et pourtant caricaturales, parfois, dans ce type d'exercice de véIocité.
Un disque respectable, voire utile.

 

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