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Diapason # 608 (12/2012)
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4790377



Code-barres / Barcode: 0028947903772 (ID259)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Gaëtan Naulleau
 

Skip Sempé, pas moins à l’aise à la tête de son « orchestre renaissance » qu’au clavecin dans les délices XVIIIe, fait son marché dans les publications de Praetorius une trentaine de danses dans Terpsichore (qui en consigne dix fois plus !), une panoplie instrumentale dans l’encyclopédie De Organographia, des idées de combinaisons dans diverses préfaces, trois hymnes des Musae Sioniae — plus quelques pages de ses contemporains. On pourra bien discuter sa cuisine exubérante, éminemment personnelle, multicolore. À aucun moment, Praetorius n’évoque des dialogues aussi serrés que les clairs-obscurs dont raffole son interprète — il imagine une phrase des cuivres en réponse aux flûtes puis leur union, une idée légère des violons réapparaît aussitôt en tutti triomphal, la percussion s’invite au milieu d’une pièce, une pavane semble sortie du moule des Lachrymae de Dowland avant de se transformer en marche funèbre... On pourra discuter. Mais si Praetorius nous indique bien la voie d’une théâtralisation des couleurs, alors Sempé ne fait rien d’autre. Il le fait peut-être... plus, ce qui n’est pas un mal dans ces danses qui n’appellent pas forcément l’écoute pieuse et continue du disque. L’album, en quatre « ballets » ajustés pour mettre en relief le chapelet de miniatures, s’ouvre sur le même Passameze que celui de Philip Pickett (toujours précieux par son impressionnant catalogue instrumental, Decca).

Les deux interprètes font de cette pièce un portique opulent, et pourtant c’est le jour et la nuit. Pickett déroule une série d’appuis nets et hiérarchisés, identiques à tous les pupitres, tandis que Sempé fait rebondir le geste sur des accents larges — on devine le métier du claveciniste, qui joue d’un accord rapidement arpégé pour que la phrase s’élance. Cette puissante souplesse s’enrichit de guirlandes (les « diminutions ») scintillantes glissées par certains solistes dans le tutti.

En fin de compte, la cohérence et la profondeur du son d’ensemble justifient le nom un rien provocateur que Sempé donnait à son groupe. Car aux dernières nouvelles, l’orchestre naît toujours au temps de Lully.

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