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Analyste:
Xavier Bisaro
Rien de nouveau en apparence : le petit
instrument de Cappel, emblématique de la redécouverte de la musique d’orgue
baroque depuis les enregistrements de Walcha ; un florilège des pièces de
jeunesse de Bach. Pourtant, Harald Vogel sait stimuler son auditeur, et ce
dès la conception du programme. Elaboré principalement à partir du manuscrit
Möller (ca 1702), de l’Andreas Bach Buch et du recueil des chorals
Neumeister, il est habilement construit (comparaison entre le Prélude en sol
mineur et sa première version BWV535a). Vogel assemble harmonieusement les
morceaux épars du puzzle. Que les essais du jeune Bach soient redondants (Prélude
et fugue BWV531) ou inspirés par l’art parfois déroutant de
l’improvisation (les fantaisies alla Pachelbel ou façon Buxtehude),
il leur confère un ton franc et dynamique, toujours probant - rarement
touchant, hélas. Le soin apporté aux registrations contribue à unifier le
parcours : l’éventail des timbres de Cappel est largement mis à
contribution, avec un sens imparable des équilibres et de la lisibilité des
mélanges, ainsi que de la maîtrise de la mécanique et du vent de cet orgue.
Le style Vogel fait le reste. Retenu, minutieux mais souple et toujours
vivant, son jeu sied bien aux pièces les plus kaléidoscopiques. Même la très
rebattue Toccata BWV565 semble revisité « de l’intérieur », en
partant de son écriture et des références qu’elle charrie pour mieux
atteindre un effet global particulièrement convaincant. Pour les oeuvres
reflétant le passage de Bach à l’heure de I inspiration italienne (la
Fuga BWV579 d’après Corelli par exemple), l’adéquation semble moins
évidente. Le tempo fluctuant en estompe les effets concertants, et l’énergie
ne s’en dégage que par bribes. Hormis cette ombre fugace, Vogel brosse un
portrait sensible baignant dans une lumière paisible. |
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