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Analyste:
Jean-Luc Macia Tout en approchant de la fin de son intégrale des cantates sacrées, Suzuki consacre un deuxième volume à leurs soeurs profanes : la plus ancienne de Bach parvenue jusqu’à nous, celle de la chasse (BWV2O8, 1713), est mise en regard d’une de ses rares oeuvres vocales écrites à Cöthen. Celle-ci a été parodiée à Leipzig : Bach lui glissait des paroles pieuses (BWV134), et supprimait deux mouvements que nous retrouvons ici, notamment une belle aria pour alto. Excellente nouvelle : le contre-ténor français Damien Guillon fait ses débuts dans le cycle de Suzuki (après avoir participé à son enregistrement des motets) en lieu et place de Robin Blaze. Le gain est évident. Malgré une diction parfois embuée, son timbre, sa souplesse et son engagement frémissant nous font oublier le manque de couleurs et l’atonie de son collègue anglais. Dans la BWV134a, confrontation entre le Temps et la Providence divine, Guillon dialogue avec un Makoto Sakurada robuste mais guère très subtil; le chant est même débraillé dans son premier air. Le ténor nippon apparaît plus à son avantage dans la Cantate de la chasse. La BWV208 bénéficie en effet d’un plateau sans faiblesse (excellente Sophie Junker, virtuose dans sa première aria, voix pleine et séduisante dans sa deuxième, Weil die wollenreichen Herden), d’un orchestre bien en place et coloré (avec de remarquables cornistes venus de l’Hexagone). Plutôt rapides, les tempos manquent un peu de nuances. On peut reprocher à Suzuki, certes toujours précis et respectueux du style de Bach, de ne pas oser théâtraliser davantage ces saynètes, ou de ne pas assumer le lyrisme sensuel de l’air de Pales (Joanne Lunn, impersonnelle). Sobriété et bon goût ne constituent pas des qualités suffisantes en ces pages divertissantes, qu’Harnoncourt surtout (superbe BWV2O8 avec - excusez du peu - Angela Maria Blasi, Yvonne Kenny, Kurt Equilluz et Robert Holl !) et même Rilling (BWV l34a) ont nourries de plus de sève et d’éclats. |
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