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Naïve
 OP30540



Code-barres / Barcode: 0709861305407

 

Reviewer: Benjamin Ballifh
 

Le sujet de l'enregistrement entend restituer la spécificité de l'Orlando présenté en 1714 au Teatro San Angelo dont Vivaldi avec son père Giambattista était impresario. Il s'agit d'une partition à présent réattribuée au fils Antonio, et qui diffère du fameux et sensationnel Orlando de 1713 dont on pensait que celui de 1714 n'était que la redite, reprise semblable in extenso, c'est à dire un opéra dont la musique était l'œuvre de Ristori. En fait dès 1713, le San Angelo présentait un pasticcio comprenant des airs de Ristori certes mais aussi de Vivaldi. En 1714, après le départ de Ristori de Venise, Vivaldi retire tous les airs de son confrère, et façonne son propre Orlando à partir des airs des deux opéras antérieurs : Ottone il Villa et Orlando Finto Pazzo... Sans reconstituer le III, aujourd'hui perdu, le coffret offre un regard critique sur le corpus parvenu, les airs et récitatifs des deux premiers actes, dont les manques et fragments ont été restitués et complétés (du reste l'œuvre de restauration et l'état des parties rafraîchies sont clairement expliqués dans un tableau complet édité dans la notice). Sans puiser dans les autres opéras, Sardelli a par exemple réécrit la partie mélodique (horizontale) qui manquait en s'appuyant sur le matériau existant assez indicatif en l'occurrence. En découle une œuvre forte, entre poésie et éclairs émotionnels qui annonce le fameux Orlando furioso, 13 ans années plus tard (1727), 3ème volet sur le sujet, et celui là non plus pour baryton mais contralto (enregistré par l'équipe française des Matheus et Spinosi).

 

 

Poursuivie par Orlando, Angelica (Teodora Gheorghiu) qui aime en vérité Medoro est d'une clarté fluide qui accroche les mots avec un beau tempérament. Alcina, force axiale de cet opéra de l'enchantement, et de l'impuissance profite du timbre ample et de la diction très assurée, magnifiquement incarnée par Romina Basso : magicienne femme en pleine possession de ses moyens... vocaux d'une linguistique prosodiée d'une souveraine intelligence (superbe abattage d'un cynisme mordant dans son air de lucidité concrète qui ouvre le II : Chi seguir vuol la costanza...; la flexibilité est impériale et l'intonation d'une formidable aisance psychologique): son assurance provocatrice exprime l'empire de la dominatrice qui sur son île tire les ficelles d'un manège pervers fait de manipulation et de séduction calculée. Actrice et chanteuse, la soprano que certains diront affectée et d'un style sophistiquée, captive par son incarnation tout à fait personnelle du personnage d'Alcina.

Même opulence savoureuse du timbre épanoui de Delphine Galou pour un Medoro plein de tendresse dévorante et de désir conquérant. Son contralto donne vie et sang au rôle travesti, et l'on comprend qu'Angelica veuille reconquérir le cœur de son bien aimé.

De son côté, le Bradamante de Gaëlle Arquez tire aussi son épingle du jeu: la soprano développe une fière intensité embrasée pour des airs parmi les plus longs de l'opéra (comme celui dernier concluant le II: Amero costante sempre), son abattage ardent et ses mélismes très investis affirme une nature nettement dramatique...

Vif et allusif (II, air d'une lacrymale mélancolie : Piangero, sin che l'onda del pianto, malgré quelques ports de voix disgracieux), le contre ténor David DQ Lee relève les défis du rôle de Ruggiero.

La grande déception vient du personnage titre. Orlando, distribué à un bayrton, gagne une épaisseur et une violence mâle que d'autres chanteurs,chanteuses n'avaient pas à leur actif: parfois patinée la voix de Roccardo Novarro, sans beaucoup d'imagination, manque d'éclat et de clarté... s'il n'était le continuo tout en relief et souple accentuation de Sardelli pour le soutenir, sa dernière scène, tragique, qui est une descente aux enfers de la folie destructrice, est d'une prudence timorée: un contresens à la passion vivaldienne, si timide et plate quand il faudrait plutôt rugir et se désespérer...

De toute évidence, l'aplomb de Basso, la tendresse palpitante d'Arquez font les délices vocaux de cette version vivaldienne dont le fini instrumental est plus que convaincant: exaltant, souvent d'une grâce haendélienne ! A part l'Orlando bien pâlot, c'est une belle réussite


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