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Classica # Classica # 144 (07-08/2012)
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EuroArts
EA2058928



Code-barres / Barcode: 0880242589286


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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Vincent Borel
 

Filmé au scalpel

SANG ET SEXE SONT ICI OMNIPRÉSENTS DANS LEURS OCCURRENCES LES PLUS CRUES. CE PARTI-PRIS RESPECTE LA VIOLENCE RÉELLE DU PROPOS... MÊME SI CELLE-CI EST HABITUELLEMENT MOINS EXPLICITE.

D’emblée, signalons qu’il ne s’agit pas d’une production enregistrée « live », mais d’une réalisation d’après le spectacle. Ce qui permet de jouir de gros plans, de la colorisation (visages blêmes, bouches et langues rougies), d’effets de nimbes et autres ralentis. Cette postproduction n’altère pas le jeu scénique installé sur une scène concave évoquant le fameux camembert du Neues Bayreuth. L’esthétique est actuelle et le jeu du couple impérial celui de deux êtres que le pouvoir affole. Et qui ne laissera, in fine, aucun témoin de son ascension sanglante. Le suicide de Néron à coups de rasoir dans une mare de sang, les ébats sexuels de Nerone et Lucano presque nus dans ce liquide vital, les bains intimes de Poppée : rien ne nous est épargné. Mais il n’y a aucune gratuité dans cette vision. Au contraire, le livret brille de tout son cynisme et sa violence résonne comme on ne se s’attendait plus à la découvrir. L’opéra est porté de bout en bout par une direction percutante qui tend parfois vers l’improvisation moderne. Alessandro de Marchi se fait ici le frère des travaux de Claudio Cavina. Le cast est superbe, au physique comme au vocal, que ce soit l’Ottone explosif de Tim Mead, la Poppée dérangée de Birgitte Christensen, la nourrice terrible d’Emiliano Gonzalez-Toro ou l’Ottavia ravagée de Patricia Bardon. Même Jacek Laszczkowski, souvent décevant pour cause de voix trop étroite, irradie un empereur joyeusement féroce. Sur le plateau immaculé qui aspire le sang et les ténèbres tel un trou noir, on suit, bousculé et ravi, la vision féroce et parfaitement aboutie de Tandberg. Son Monteverdi paraît destiné aux cinéphiles amateurs de Drive, de Shame, de Michael Fassbender et de Haneke. Il nous livre un DVD d’opéra hors des sentiers battus : un pur régal sonore, visuel, et cérébral.

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