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Classica # 148 (11/2012-01/2013) 
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Aparté
AP043



Code-barres / Barcode: 3149028024425 (ID251)

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Philippe Venturini
 

La bonne recette de Rousset

CHRISTOPHE ROUSSET NOUS RESTITUE LES OEUVRES POUR CLAVECIN DE JACQUES DUPHLY, NI TROP SALÉES, NI TROP SUCRÉES MAIS VIRILES ET SINCÈRES.

Gustav Leonhardt considérait son intérêt pour Jacques Duphly presque comme une faiblesse, une faute de goût pour une musique qui cherche la séduction plus que l’élévation. Si elle ne mène pas sur les mêmes chemins que celles de Sweelinck, Frescobaldi ou Bach, elle met si bien le clavecin en valeur et déborde d’une telle imagination qu’elle ne peut que saisir son auditoire. Surtout si elle dispose de doigts aussi déliés et d’un esprit aussi pénétrant que ceux de Christophe Rousset. On a beau le savoir, l’artiste nous étonne à chaque fois par l’extraordinaire souplesse de son toucher et l’intensité de son expression. Il suffit d’écouter le premier numéro de cette anthologie de vingt-sept pièces récoltées au gré des quatre livres que laissa Duphly pour s’en convaincre. Le naturel du phrasé, pris dans un tempo plutôt allant, la sûreté de la main gauche, l’expressivité de la main droite, la fluidité du troisième couplet en écriture luthée confèrent à cette Forqueray une noblesse et une densité incomparables, échos de la voix grave de la basse de viole que pratiquait l’intéressé. De même, La Pothoiün dont le mouvement régulier évoque celui des Barricades mystérieuses de Couperin, conserve une tenue et une allure imperturbables à travers les zig-zags du rondeau. Dans les pièces plus directe ment descriptives telles La Victoire ou La Médée qui semblent la réduction d’un opéra, Christophe Rousset n’hésite pas à faire entrer l’orchestre dans son instrument sans pour autant perdre le contrôle de la polyphonie ni à le réchauffer d’un soleil scarlattien (La Damanzy). Et quand il doit s’abandonner au pouvoir des Grâces (« Tendrement », extrait du Troisième livre), l’artiste ne perd jamais la ligne directrice et n’amollit pas le trait même si les infimes décalages entre les deux mains participent à la continuité d’une ligne qui semble infinie. Christophe Rousset explique d’ailleurs avoir voulu s’écarter d’interprétations « sucrées ou poudrées » pour restituer à Du- phly, avec la complicité du fier clavecin Kroll, « sa virilité, la gravité de certains traits, la sincérité de son geste. » Il rappelle que sous Louis XV oeuvraient Boucher mais aussi Chardin. 

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