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Texte paru dans: / Appeared in:
Diapason # 741 (02/2025)

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Analyste: Loïc Chahine

Créée en 1704, cette Iphigénie en Tauride avait été commencée près d’une décennie plus tôt.

En 1695, le livret de Joseph François Duché de Vancy est confié à Henry Desmarest. Mais le travail piétine et en 1699 le compositeur est contraint de s’exiler – il a épousé en secondes noces Marie-Marguerite de Saint-Gobert, dix-neuf ans, sans le consentement du père de celle-ci, médecin de Gaston d’Orléans. Fort de ses puissants appuis, ce dernier obtient la condamnation de Desmarest qui, avec sa jeune épouse, quitte la France en 1699. L'Iphigénie inachevée demeure orpheline jusqu'à ce que le directeur de l'Académie royale de musique charge André Campra de composer ce qui manque - le prologue, les dernières scènes ainsi que plusieurs passages des actes I, IV et V. Outre la partition imprimée, « réduite » (sans les trois parties d'altos), on conserve par chance un manuscrit complet.

Pour lui redonner vie, Hervé Niquet reconduit les principes qui ont fait le succès de sa Médée de Charpentier (Diapason d'or de l'année 2024) : le continuo joue comme un groupe uni, mais se tait dans les danses. Frappe d'abord la pâte superbe du Concert Spirituel, tant dans les pages orchestrales que dans les monologues accompagnés et les chœurs. Du grain, des couleurs, nul systématisme dans les phrasés, de la variété dans les attaques, de la verve (divertissement des Scythes au I) et de la douceur mais toujours avec l'urgence du drame (« célestes chants » ordonnés par Diane au II), du nerf et de la souplesse (« Quittez le vaste sein de l'onde » au III) une conduite implacable : tous les ingrédients sont en place et bien dosés.

Impeccables stylistes

La parfaite entente avec les chanteurs et la distribution n'appellent pas moins de louange. Tous ont une fine connaissance du style et campent des personnages vivants, à commencer par l'Oreste de Thomas Dolié dont le timbre et les accents excellent à évoquer la folie et les tourments dans quelques pages parmi les plus marquantes de l'ouvrage (en particulier au II) sans jamais se laisser aller à la moindre trivialité. En ami Pylade, le toujours impeccable Reinoud Van Mechelen parvient à exister sans voler la vedette aux protagonistes.

Pour la reprise de 1704 - qui eut plus de succès que la création -, le rôle d'Iphigénie revenait à Marie-Louise Desmatins. Elle chantait alors aussi bien les rôles tendres qu'Armide, Circé ou Arcabonne, et devient cette année-là première actrice de l'Opéra dans la hiérarchie des chanteuses.

Il allait donc de soi de confier le rôle à Véronique Gens, restituant avec art les angoisses du personnage autant que sa majesté : écoutez son « C'est trop vous faire violence », où elle tire un si grand parti expressif des ressources de la tessiture et ménage une progression émotionnelle bouleversante ! Face à elle, Olivia Doray incarne une Electre (rôle d'amoureuse, ici) pleine de charme.

Les seconds rôles, tous excellemment tenus, à commencer par la Diane impérieuse de Floriane Hasler, concourent à faire de cette résurrection d'un ouvrage maintes fois repris au XVIII e siècle et oublié depuis une réussite accomplie.



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