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Analyste: Kévin Roger D'abord maître de chœur à la cathédrale de Tours et à celle de Tournai, Pierre de Manchicourt rejoint probablement la chapelle de Philippe II d'Espagne à Madrid où il termine sa vie. Ce compositeur doué et reconnu laisse des motets, messes et chansons dont certains ont même été imprimés par Pierre Attaingnant. Habitué à explorer l'œuvre de figures de la Renaissance peu connues du grand public (Jacobus Barbireau, Noël Bauldeweijn), Beauty Farm propose quatre de ses messes, dont la Missa De Domina qui n'avait jamais été enregistrée auparavant.
Les phrases longues et incertaines que privilégie Manchicourt (plus spécialement dans la Missa Cuidez vous que Dieu à cinq voix, sur une chanson de Richafort) sont particulièrement exigeantes pour les interprètes. La technique vocale de Beauty Farm est certes solide, mais l'adoption d'un diapason bas, s'il accentue le charme des parties de bassus, compense difficilement le défaut de limpidité polyphonique. Certaines altérations implicites (musica ficta) semblent manquer à l'appel, l'interprétation s'écartant à l'évidence des éditions critiques faisant autorité (celles de John D. Wicks et Lavern Wagner). Si leur absence peut adoucir l'harmonie, elle peut également mener à des choix contrapuntiques discutables. Au moins peut-on saluer le goût du risque dont fait preuve l'ensemble et un enregistrement louable de la Missa De Domina à cinq voix, qui étend un peu plus la discographie du rare Manchicourt.
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