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Analyste: Guillaume Saintagne À Venise au XVIIIe siècle les ospedale accueillent orphelines, bâtardes, mendiantes et autres syphilitiques. La formation musicale qui leur est prodiguée dans ces institutions va jusqu'à faire des rivales pour les divas de la scène lyrique. Quand Vivaldi écrivait pour la Pietà, le Saxon Hasse était attaché aux Incurabili auxquels il offrit ces Serpents de feu dans le désert, peut-être composés vers 1734.
Le livret évoque l'envoi de serpents de feu par Dieu pour châtier l'impiété et l'ingratitude des Hébreux, mécontents d'avoir dû quitter les rivages fertiles de l'Egypte pour vivre dans le désert. Ils sont sauvés grâce à Moïse, qui érige un serpent de bronze en signe de repentance sur les conseils de l'Ange. Les airs illustrent l'angoisse devant la mort, la colère de Dieu ou la confiance en son dessein.
Cette seconde gravure est bienvenue après celle dirigée par Jérôme Corréas en 2006 (Ambronay, Cinq Diapason ). On pourra s'étonner d'entendre ici un aréopage masculin alors que l'oratorio fut écrit exclusivement pour des femmes. La voix de chacun est néanmoins suffisamment différente et les atouts ne manquent pas. Inclinons-nous devant la performance de Julia Lezhneva : à la maîtrise surnaturelle du souffle, elle ajoute une imagination débridée dans les variations qui font planer son Ange à travers l'éther d'un paradis artificiel, passant aussi par une fureur dévastatrice avant un da capo. Elle semble inventer un langage supra-terrestre, sidérant (au risque d'en faire trop : la cadence du second air !).
Philippe Jaroussky paraît trouver en Moïse une seconde jeunesse (ambitus, stabilité de l'émission, vocalises assurées, intensité de la caractérisation). David Hansen prête son alto fuligineux et inquiet aux affres du peuple de façon plus saisissante que Jakub Jozef Orlinski, qui contemple un peu trop la splendeur de sa souffrance au moment le plus brûlant. Bruno De Sà constelle d'aigus minéraux son espérance quand Carlo Vistoli baigne ses trilles et un médium caressant dans une douce contrition. Tous sont soutenus avec ferveur par Thibault Noally et ses Accents, dont il faut saluer l'expressivité aussi juste que changeante et colorée. |
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