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Analyste: Jérôme Bastianelli Richement documenté, le livre-disque publié par Jordi Savall renferme non pas une, mais quatre versions du Songe d'unenuit d'été : avec ou sans le mélodrame (ces parties essentiellement parlées, avec des bribes d'accompagnement musical), en anglais et en allemand. Chacun y trouvera donc son bonheur, en choisissant par exemple la version longue s'il veut entendre les « hi-han » de Bottom qui se transforme en âne. Précisons que les voix solistes sont les mêmes dans chacune des deux langues.
La transparence orchestrale que Savall obtient de son Concert des Nations et l'attention portée aux détails permettent de souligner toutes les richesses de la partition. Le chef creuse les contrastes, accentue les basses, fait mugir les cuivres, ressortir les percussions (les timbales cognent dès l'Ouverture, dans le passage où l'on entend l'âne, justement). Mais dans ce Songe pris au sérieux, ce que l'on gagne en caractérisation, on le perd peut-être en charme et en légèreté.
Si elle surprend souvent (ce n'est pas une mince qualité, dans une discographie aussi fournie), la lecture ne séduit pas toujours. Le Scherzo est admirablement nuancé, du pianissimo le plus doux au forte le plus impressionnant, mais le solo de flûte sur lequel il se referme manque un peu d'éclat - on ne le distingue qu'en demi-teintes. La célèbre Marche nocturne procède par à-coups, ce qui souligne son caractère burlesque. La Marche funèbre flirte avec l'étrangeté, grâce notamment aux jeux de timbres de la clarinette, qui finit son trait par un glissando que Gershwin n'aurait pas renié. Quant à l'Intermezzo, il est plus inquiet que gracieux.
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