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Diapason # 739 (12/2024)

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Château de Versailles CVS139 

Code barres / Barcode : 3760385430300


 

 

Analyste: Loïc Chahine

Ces deux « divertissements » ont en commun d'avoir été conçus pour la cour. Le Retour des dieux sur la terre fut créé dans le cadre des festivités célébrant le mariage du jeune Louis XV avec Marie Leszczynska en 1725 à Fontainebleau. L'œuvre est ensuite donnée à de nombreuses reprises au Concert de la reine (jusqu'en 1748) que Blamont supervisait. « Les enjeux d'un petit opéra composé pour le concert sont autres que ceux d'un ouvrage destiné à la scène », note Benoît Dratwicki : toute la place est donnée à la musique, qui ne bannit toutefois pas les danses. Le compositeur y affiche d'ailleurs son goût des combinaisons instrumentales peu usitées dans les opéras, tels ce Deuxième Air pour les Arts confié à deux bassons sans accompagnement, ou cet Air de fanfare où les trompettes s'affranchissent du reste de l'orchestre pour n'être soutenues que par le continuo.

 

Fêtant la naissance du premier fils de Louis XV en 1729, Le Caprice d'Erato est ensuite donné, abrégé, à l'Académie royale de musique (1730), et le Second Menuet de la Troisième Entrée s'inscrit dans la mémoire collective sous l'incipit d'une de ses parodies, « Jupin dès le matin » - signe de succès. L'argument entend déployer les différents Caractères de la musique - sous-titre de l'œuvre -, ce qui assure à la partition une variété très engageante.

 

Dans l'une et l'autre œuvre, on admire la beauté du chœur versaillais comme de l'orchestre finlandais menés par Alexis Kossenko. Ecoutez comme l'Ouverture du Caprice est noble d'abord, ensuite agile, vivante et bien conduite ! Comme les chœurs « Rassemblons-nous » ou « Chantons, de notre sort » ont de l'allure et de l'allant ! Si Le Retour semble marquer çà et là le pas - à cause des limites des uns ou des autres, les instrumentistes nordiques étant peu habitués au style français ? -, Le Caprice d'Erato nous transporte de bout en bout. Le tout est de belle tenue et exalte à plein la séduction mélodique de l'écriture de Blamont, lui conférant un goût de revenez-y - trois exemples entre cent : dans Le Retour, l'air et chœur « Fortunés sujets », la Sarabande, l'Air pour la Poésie ! Tout cela est délicieux et délicieusement rendu.

 

Côté solistes, honneurs aux dames. Au timbre brillant de Jehanne Amzal répondent celui plus mat de Marine Lafdal-Franc, et celui plus rond de Chantal Santon Jeffery. Si Hasnaa Bennani accuse parfois quelque fatigue dans Le Retour, la soprano est plus en forme dans Le Caprice et possède toujours une grâce simple qui charme - le charme étant de toute façon bien partagé entre les quatre chanteuses.

 

On n'en dira pas tout à fait autant de Clément Debieuvre, que la tessiture aiguë des divers rôles de haute-contre met plus d'une fois à rude épreuve. David Witczak a comme à l'accoutumée l'aplomb, le goût du mot, la noblesse et la retenue qui conviennent. Un nouveau jalon dans la connaissance de l'œuvre de Blamont, et un double album délectable.


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