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Analyste:
Kévin Roger C'est une étonnante source musicale qu'interroge ici la Capella de Ministrers : l'unique copie, imprimée en Italie et préservée à Uppsala, d'un chansonnier édité en 1556. Il renferme des chants espagnols ( villancicos ) mis en polyphonie et des mélodies écrites dans les huit modes grégoriens (dans un but pédagogique). L'album se focalise sur les villancicos profanes à deux et trois voix ainsi que sur les arrangements modaux, sans texte, à deux voix.
Difficile de ne pas être séduit par ces pages et leurs restitutions par l'équipe de Carles Magraner. Le soprano de Beatriz Lafont se coule avec sensibilité dans ces musiques souvent mélancoliques. L'approche minimaliste des accompagnements (vihuela et guitare) assure un bon équilibre polyphonique et une cohérence stylistique. La démarche est à l'opposé des interprétations énergiques, chorégraphiques, autrefois proposées par Jordi Savall. Plus fidèle au chansonnier d'Uppsala et à l'esthétique de son contenu, la Capella de Ministrers met en lumière quelques joyaux du répertoire vocal de la Renaissance, tels Si n'os huviera mirado de Cristobal de Morales (seul villancico attribué du CD) ou Bella, de vos som amoros narrant la dévotion sans limites d'un amant pour sa dame.
La maîtrise de l'ensemble se vérifie également dans les restitutions des pièces modales à deux voix. Disséminées entre chaque chant, ces polyphonies didactiques sont magnifiées par les interprètes et se révèlent des objets artistiques à part entière. Si le programme est court, il n'en demeure pas moins simple, efficace et particulièrement délectable. |
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