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Analyste:
Roger-Claude Travers À l'aube du XVIIIe siècle, la France est gagnée par la fureur des sonates à la manière italienne. Seuls les compositeurs liés au pouvoir royal et aux Vingt-Quatre Violons restaient attachés au style de Lully et résistaient aux partisans de Corelli que menait Mascitti. Cet Italien des Abruzzes a presque cinquante ans et une modeste carrière napolitaine derrière lui lorsqu'il arrive à Paris en 1704. Il y fait éditer son Opus 1 partagé entre six sonates pour violon et six sonates en trio. Ce sont ces dernières que Musica Elegencia a retenues.
Le jugement un peu cruel de Christopher Hogwood sur ces pages articulées en brefs mouvements (1' à 2' 50) se confirme à l'écoute : elles " répètent les maniérismes de Corelli sans en avoir l'équilibre ". L'enregistrement complet de l' Opus 1 en 2008 par l'Ensemble Baroques Graffiti de Jaroslaw Adamus (Acte Préalable) n'avait pas davantage convaincu que celui des versions isolées des Opus 1 nos 7 et 9 par le fruste Ensemble Benedetto Marcello (Nuova Era, 1997) ou l'Ensemble Quentin le Jeune (Music Square, 2022), certes de meilleure facture.
L'approche de Musica Elegentia se révèle autrement attrayante. Elle séduit par sa souplesse, son élégance et une réactivité de bon aloi entre les voix supérieures, comme ce tricotage en écho des figures dans le premier Allegro de la Sonate no 10. La texture des mouvements lents est soignée, comme en témoignent le Grave de la no 7, l' Adagio de la no 9 avec son violone en pizzicato, nappé d'orgue, ou encore le Largo de la no 10 , aux frottements harmoniques plutôt sensuels. L'interprétation se caractérise d'ailleurs en général par sa finesse. La no 12, avec son phrasé délicat dans l'Allemanda Allegro, sa lascive Sarabande et son Allegro final juste susurré, tutoie même l'excellence. |
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