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Analyste:
Frédéric Degroote Illustrer cinq siècles de musique à Florence, c'est le pari de ce double album conçu pour accompagner le livre éponyme d'Anthony Cummings (Chicago University Press, 2023), auquel la notice fait de multiples renvois. Deux ensembles - La Morra pour le Moyen Age tardif et le début de la Renaissance, le Theatro dei Cervelli jusqu'au début du Seicento - et le claviériste Francesco Corti se partagent un programme privilégiant inédits et raretés. Il laisse ainsi de côté les incontournables Paolo da Firenze ou Giulio Caccini pour mettre en avant des compositeurs parfois plus discutables (Antonio Brunelli, représenté par cinq pièces).
La Morra ouvre le bal et survole trois siècles en seize plages, dont se détachent les intabulations (la danse La Manfredina et In mijnem sin d'Agricola), plus assurées que les pages vocales. Au Theatro dei Cer-velli reviennent des madrigaux et les fameux intermèdes de La Pellegrina. L'ensemble ne manque pas de qualités, dans l'opulence (Mentre con mill'amori de Luca Bati) comme dans l'intime (époustouflante Aria di Romanesca Io parto lasso de Giovanni Pietro Bucchianti !). Dommage que l'acoustique réverbérée de l'église Santa Maria Nuova de Cor-tona uniformise les différents genres - les très beaux madrigaux de Malvezzi et Striggio en font particulièrement les frais.
De Brunelli, injustement méconnu selon Cummings (vraiment ?), on retiendra le Cantate Domino , qui sied le mieux à l'effectif et au lieu, et on oubliera l'aria Di quel nudo pargoletto, traitée comme un mélange entre un chœur de L'Orfeo de Monteverdi et un intermède florentin. Une pépite : le madrigal à huit voix de Marco Da Gagliano Sull'affricane arene, destiné à célébrer les victoires militaires de Cosme II en Afrique.
À l'orgue ou au clavecin, Francesco Corti mettra tout le monde d'accord. Il sublime les pages pour clavier de Peri (Ricercar del primo tuono del Zazzerino !), Malvezzi, les différentes versions de l'Aria di Firenze , et referme le panorama par trois pièces anonymes du début du XVIIIe siècle, pleines de poésie et d'allant (Preludio cantabile). Des extraits à l'orgue des Sonate d'intavolatura per organo e cimbalo de Domenico Zipoli complètent le tout. Cette fin solaire en forme de récital vaut à elle seule le détour.
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