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Diapason # 732 (04/2024)
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Analyste: Guillaume Saintagne

 

Treize ans après le DVD (cf. n°598 ), Marc Minkowski revient au chef-d'œuvre de Handel. Si cette nouvelle Alcina se place au sommet de la discographie de l'œuvre, ce n'est pas la version de référence incontestable espérée. Contrairement à la version dirigée par Alan Curtis (2007, Virgin), les seconds rôles déçoivent : un Oberto éloquent mais à la voix plus verte qu'enfantine, un Oronte très vivant mais négligeant la qualité de son émission, sans parler d'un Melisso plus élégant que sévère moralisateur. Bradamante profite des graves sonores d'une contralto, malgré des vocalises insuffisamment projetées.

 

La technique solide d'Erin Morley lui permet de charmer sans suraigu, mais la cruelle ambiguïté d'« Ama, sospira » échappe à sa Morgana, quand Karina Gauvin (chez Curtis) et Natalie Dessay (chez Christie en 1999, Erato) en révélaient toute la profondeur. Quoique très différente, Anna Bonitatibus égale la prestation légendaire de Della Jones (chez Hickox en 1985, Emi) en Ruggiero ; même si elle manque désormais d'assurance dans les airs virtuoses, elle fait briller un registre grave moelleux et une science technique indéniable. C'est surtout dans les airs mélancoliques que son intelligence du style et du texte explose, notamment dans ce « Mio bel tesoro » dont les reprises virent progressivement à l'insulte.

 

Magdalena Kozena bouleverse par l'intensité de sa caractérisation, quitte à lancer des graves sauvagement poitrinés. Son « Ombre pal-lide » hésite entre la petite fille effrayée et la bête traquée dont la voix cherche à griffer les ombres orchestrales. Certes la timbre est moins pulpeux que celui d'Anja Har-teros (avec Bolton en 2005, Farao), Renée Fleming (Christie) ou Joan Sutherland (avec Bonynge en 1962, Decca) évidemment, mais les affects y palpitent avec autant d'éclat que chez Arleen Auger (Hickox).

 

Ce qui nous enthousiasme en premier lieu, ici, c'est la prestation en tout point idéale des Musiciens du Louvre. Les ritournelles sont tellement excitantes que l'on se contenterait presque d'une Alcina sans paroles ! Ce torrent orchestral est artistement canalisé par le chef qui joue les Moïse : les eaux semblent s'ouvrir pour laisser entendre les chanteurs avant de se refermer sur l'auditeur noyé de plaisir. Seul bémol : si les reprises da capo sont variées et complexes, elles pourraient mieux traduire l'évolution chez les personnages.



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