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Classica # 258 (12/2023)
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LIDI 0302354-23




2 CD


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Analyste: PHILIPPE RAMIN

 

Jean-Marc Andrieu, Les Éléments, et Les Passions livrent une restitution ambitieuse des amours contrariées de Daphnis et Alcimadure. Fervent partisan de la musique française pendant la fameuse querelle des Bouffons, le compositeur occitan de Mondonville fait pourtant valoir le style italien dans l’opéra Daphnis et Alcimadure composé en 1754, un an après le fameux Titon et l’Aurore. Inspiré par une fable de La Fontaine, l’ouvrage dépeignant les amours contrariées du pâtre Daphnis et de la bergère Alcimadure fut joué devant Louis XV et la cour à Fontainebleau. Son livret en occitan de la plume du musicien est sans doute une réponse à la critique acerbe de Jean-Jacques Rousseau sur le chant en langue française mais le prologue est en français, signé de l’abbé de Voisenon,  auteur de Titon.

Très peu représenté au disque et à la scène, l’ouvrage méritait une restitution ambitieuse. Celle de l’ensemble Les Passions semble être le fruit d’une longue et méticuleuse préparation tant sur le plan musical (reconstitution des parties intermédiaires) que sur le plan poétique (prononciation de l’occitan languedocien). La captation lors des représentations au théâtre Olympe de Gouge de Montauban ne souffre d’aucune faiblesse et fait apprécier une distribution de haut vol guidée par la main experte du chef Jean-Marc Andrieu dont le sens des caractères et des tempos fait revivre l’ouvrage avec un à-propos judicieux. Le prologue, particulièrement réussi, profite du timbre prenant d’Hélène Le Corre et le premier acte permet d’apprécier l’aplomb dramatique d’Élodie Fonnard, Alcimadure noble dont le style rappelle celui de Véronique Gens. Haute-contre au timbre infiniment séduisant, François-Nicolas Geslot vocalise sans peine dans les ariettes («D’un pichot trait ») et sait émouvoir dans la plainte (« Hélas ! Qui me ramena »). Jeanet au timbre moelleux, Fabien Hyon possède également une belle aisance dans l’aigu et apporte une truculence irrésistible à son personnage. On admire, dans l’orchestre, le soin apporté à la variété des caractères, le raffinement des cordes (« Air gracieux et doux »), l’intelligence des plans sonores et le détail des nuances. La formation n’a rien à envier aux ensembles en vue de la scène française et semble bénéficier d’un temps de répétitions sinon supérieur, du moins plus efficace. Toujours irréprochable le chœur Les Éléments, dirigé par Joël Suhubiette, apporte l’ampleur nécessaire à des ensembles à l’écriture ambitieuse. Enfin, le continuo, précis et alerte, apporte une fluidité bienvenue à l’action dramatique.

Une belle réussite pour une œuvre rare.


 


 
   

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