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Analyste:
Roger-Claude Travers Le violon d'Anna-Maria, l'élève préférée de Vivaldi à la Pietà, reste une énigme, que seules Marina Sirbù et Midori Seiler ont su en partie résoudre. Virtuose intériorisée, précise mais rêveuse, elle captait le feu, le fragile, l'insaisissable. En témoignent les ornements complexes dont elle agrémentait ses partitions. Oublier cela conduit vite au trivial : Shlomo Mintz jouait joliment son répertoire sans y comprendre grand-chose. Biondi n'a pas cette excuse.
Dès le RV 229 qui ouvre l'album, le tempo aussi mordant que celui de L'Arte dell'Arco, les tics d'archet et la justesse limite nourrissent nos craintes. Sur une trame simple, Sirbù brodait dans le Largo de captivantes digressions ; elles échappent ici à un interprète peu inspiré. Dans « Il cor-neto da posta », le caractère rustique est assez juste en dépit d'un finale bien lourd. On retournera plutôt à Fasolis et ses Barocchisti (Claves), savoureusement descriptifs. Comparer le Concerto RV 179 à sa version à deux chœurs ( RV 581 ) gravée en 1992 pour Virgin, dont la ligne de violon est identique, démontre chez Biondi des progrès d'intonation. Mais un abîme le sépare de l'élégance d'un Théotime Langlois de Swarte, pour qui le mouvement lent devient une réflexion intime sur l'univers des diminutions d'Anna Maria.
Difficile également de rivaliser, dans l' Adagio du RV 260 , avec la rêverie d'une Seiler à fleur de peau, jouant sur l'agogique et la retenue. Biondi se rattrape dans le R V 261 , qui bénéficie de bons contrastes dynamiques entre le violon et l'orchestre, et en partie dans le RV 207 . L'entrée tonique d'Europa Galante dans l' Allegro initial y convainc davantage que les ensembles de Guglielmo ou Ho-gwood. Les promesses de l'archet, mesuré et sensible dans le Largo , s'évanouissent dans la molle Caccia finale, où L'Arte dell'Arco décrivait l'action avec une savoureuse variété d'expressions.
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