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Analyste:
Denis Morrier C'est le troisième disque consacré par Jeremy West et Gareth Wilson à la réhabilitation d'Ingegneri. Auteur prolixe (pas moins de dix-huit recueils de musique profane et sacrée), ce contrapuntiste est surtout célèbre pour avoir formé et soutenu un extraordinaire prodige, Claudio Monteverdi. La Missa Susanne un jour , messe-parodie empruntant son matériau mélodique à la célèbre chanson de Lassus, et la dizaine de motets proposés sont ici enregistrées pour la première fois, mais par des forces à la fois trop opulentes et insuffisamment aguerries : d'un côté un chœur universitaire mixte de trente chanteurs, de l'autre huit honorables cornets et sacqueboutes. Ceux-ci n'aident guère à la lisibilité des polyphonies, trop uniformément touffues et massives ; les parties intérieures du contrepoint sont indistinctes, écrasées par la prédominance des voix aiguës et la pâte gluante de l'ensemble. La diction incertaine, les timbres hétérogènes et la justesse approximative (particulièrement des voix hautes) n'arrangent rien. Il est temps que des interprètes plus solides et inspirés rendent véritablement justice à Ingegneri, polyphoniste parmi les plus remarquables de la Renaissance - ce qu'on devine à peine ici.
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