Les trois
sonates pour viole de gambe et clavecin de Bach sortent du cadre de la sonate en
trio traditionnelle car la grande tessiture de la viole de gambe lui permet de
combiner contrepoint chantant et voix de basse. Œuvres originales ou
transcriptions de pages antérieures, elles sont très exigeantes pour la viole,
la partie de clavecin présentant un niveau de difficulté équivalent à celui des
sonates pour violon et clavier.
Diego Ares cultive un jeu expressif où le surlié favorise de riches résonances
et une certaine dimension orchestrale jusque dans sa réalisation des basses
chiffrées. Face à lui, Margaux Blanchard s’insère dans cette rhétorique prenante
en évitant une prise de parole trop soliste, non sans éviter quelques
maniérismes rythmiques et poses diverses qui nuisent un peu à la force de son
discours. Les mouvements lents bénéficient d’un intéressant travail de
chambriste mais, dans les pages les plus vives, la communication n’est guère
favorisée par une esthétique de prise de son où un clavecin au timbre dur et
saturé ne se mélange pas à la voix fragile de la viole. Les musiciens ont
complété cette intégrale d’une ravissante exécution de la Sinfonia en sol sur le
jeu de quatre pieds du clavecin, d’une convaincante transcription du Prélude de
la Partita pour violon en mi à la viole, de l’aria Bist du bei mir
d’après Stölzel. À la place de ce choix poétique mais hasardeux, il aurait été
peut-être plus judicieux de compléter par des transcriptions d’airs ou de
mouvements instrumentaux extraits de cantates.
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