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Analyste:
Philippe Venturini Divin Egisto Accompagnant une distribution céleste, Vincent Dumestre et son Poème Harmo-nique se partagent les lauriers de cette lecture souveraine. S’il figure parmi les premiers opéras vénitiens composés pour le public, L’Egisto (1643) ne se soumet pas totalement à la loi du genre. Les inévitables actions secondaires étoffent en effet l’intrigue principale (deux couples désunis par le sort et recomposés dans le désordre par pur caprice des dieux) plus qu’elles ne la parasitent. On suit ainsi les errements sentimentaux d’Egisto et Clori d’une part, et Lidio et Climene d’autre part, égarés sur une île en mer ionienne. Par ailleurs, le livret ne puise pas directe-ment dans la mythologie même s’il convoque, entre autres, Apollon et Vénus. Jusqu’à son dénouement heureux attendu et au renouement des couples, l’opéra suit l’évolution psychologique d’Egisto à qui Cavalli et son librettiste Faustini réservent une impressionnante scène de folie au troi[1]sième acte (« Celesti fulmini »). Le récitatif reste bien sûr le moteur principal mais il n’exclut pas quelques airs poignants comme la plainte de Climene au deuxième acte («Piangete occhi dolenti »). Vincent Dumestre et son Poème Harmonique, qui avaient déjà présenté L’Egisto en 2012 à l’Opéra-Comique, mis en scène par Benjamin Lazar, confirment leur familiarité avec ce répertoire, tant par un soutien souple et efficace des récitatifs que par une présence inspirante (la beauté enivrante des couleurs) dans les airs. Endossant déjà le rôle-titre en 2012, Marc Mauillon s’y glisse à nouveau avec une aisance manifeste et soumet son interprétation à une attention souveraine au mot et au texte. Le reste de la distribution mérite de partager les lauriers, de la Climene vibrante d’Ambroisine Bré à la Clori sensuelle de Sophie Junker en passant par le bouillonnant Hipparco de Romain Bockler. C’est désormais avec cette version qu’il faut découvrir L’Egisto.
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