Vox Luminis imagine un Requiem allemand conçu par
un Brahms baroque.
Jérôme Lejeune et Lionel Meunier se demandèrent s’il n’était pas possible «
au départ de compositions allemandes du XVIIe siècle, d’imaginer une œuvre
semblable au Deutsches Requiem ». Le fondateur du label Ricercar et le chef
de l’ensemble Vox Luminis ont alors cherché des musiques qui avaient adopté les
mêmes textes que Brahms. Ce « Deutsches Barockrequiem » puise ainsi dans un
large répertoire, inscrit entre Johann Hermann Schein (1586-1630) et Johann
Philipp Förtsch (1652-1732), et convoque des compositeurs rarement entendus tels
Andreas Scharmann, Heinrich Schwemmer ou encore Wolfgang Carl Briegel.
Au plaisir de la découverte s’ajoute le bonheur de l’écoute. La magnifique
Trauerklag (« déploration ») de Scharmann, déjà enregistrée pour le même
label par le Ricercar Consort en 1995, résume toutes les qualités de cette
interprétation et, plus largement, du travail de Vox Luminis : l’étonnante
ductilité d’une pâte sonore pourtant dense et colorée, la souplesse de la
conduite, le naturel de la respiration, la solide présence de la ligne de basse
(un orgue d’église et non un positif) et, bien sûr, l’attention portée au texte.
Réunissant des pièces polyphoniques madrigalesques et des œuvres proches de la
cantate (bouleversante Die mit Tränen säen de Christian Geist), ce «
Deutsches Barockrequiem » constate l’éclosion de la joie céleste après la pluie
de larmes. Des procédés d’imitation ou de répétition permettent simplement
d’accentuer un mot (« weg » dans de Tobias Michael), d’installer un climat et de
dilater le temps. Percevoir la lueur de l’au-delà à travers une musique plutôt
grave et sombre : Vox Luminis porte bien son nom.
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