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Analyste:
Frédéric Degroote À la fin des années 1530, Matthias Werrecore, compositeur franco-flamand en poste à Milan (catholique) réunit une collection de musique sacrée et l'envoie à Strasbourg (nouvellement protestante) chez l'éditeur Peter Schöffer le Jeune. « Mystérieux », ce livre de motets, car on ne connaît pas les motivations d'une telle publication dans une cité impériale allemande où le chant choral latin n'a plus cours. On ignore également les liens entre Werrecore et Schöffer et, surtout, le recueil renferme des unica de compositeurs dont on ne sait quasi rien : douze reçoivent ici leur baptême discographique.
À côté des Gombert, Willaert et Verdelot, bien représentés, voisinent, dans un flamboyant style post-Josquin, Maistre Jehan et Simon Ferrariensis, qui ont exercé à Ferrare, Jehan du Billon, qui aurait chanté à la chapelle papale, et un certain Johannes Sarton. D'autres noms moins rares comme Lupi, Phinot ou Cadéac étoffent le panorama.
Les voix mixtes de l'ensemble anglais Siglo de Oro offrent de belles qualités d'homogénéité et de justesse au service d'un répertoire qui n'aurait pas vu le jour sans le travail de recherche de Daniel Trocmé-Latter. Se distinguent particulièrement le Pater noster tout en homorythmie de Maistre Jehan, l'Ave et gaude de Simon Ferrariensis, les entrelacs stupéfiants du Laetare sancta mater de Willaert et le Salus populi (alla Gombert) de Pierre Cadéac. De quoi parfaire sa discothèque Renaissance et amener à ces pages de nouveaux interprètes.
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