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Analyste: Roger-Claude Travers
Ayant forgé sa technique à la rude école ukrainienne, Vadym Makerenko allie la puissance sonore à une expression aussi généreuse qu'éruptive. Un fauve. Sa jeune phalange madrilène, vive et passionnée, s'investit tout autant. L'Ouver ture tourbillonnante de Veracini est un maelström, la Sinfonia RV 786, avec son Andante orientalisant, un carnaval intégrant les touches galantes de la RV 149 de 1740. Le Concerto pour deux violons RV 521, si policé par I Musici, révèle ici sa vraie nature. La complice rivalité des solistes dans le registre aigu, culminant dans le dernier solo du finale, suggère une compétition à La Pietà. Lumière, mouvement, descriptions et couleurs : tout est là. Le reste du programme est inédit. Rien d'étonnant à ce que Vivaldi ait renoncé à faire du trop extravagant Allegro non molto RV 263 le finale de son Opus 9 n° 4 : il le réservait à ses élèves. Personne ne s'était à ce jour risqué à affronter le RV 182. Makarenko joue avec sa proie, la renifle, la flatte en un rubato caressant, puis bondit, ronronne le temps d'un Largo, avant le swing de l'Allegro final, danse furieuse où l'orchestre vibre et se cambre. Du RV 788, page tardive destinée à Teresa, violoncelliste de La Pietà, ne subsiste qu'une partie d'alto, de laquelle Olivier Fourès a déduit des structures harmoniques très créatives et un tissu mélodique crédible. Mais le meilleur de l'album vient avec le RV 320 , où s'était fourvoyé Enrico Casazza en 2010 (DHM). Vivaldi développe une page expérimentale et complexe, d'une écriture subtile pour le violon et à l'inspiration tutoyant le Sturm und Drang. Voyez, dans l' Allegro initial, ce passage en spiccato pianissimo , ces attaques, ce cheminement tout en repentances où le compositeur suit une direction, bifurque, revient, repart… Le Largo est superbe, le finale rageur. Un grand concerto redécouvert.
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