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Diapason # 717(12/2022)
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Alia Vox
AVSA9950




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Analyste: Rémy Louis

Fût-ce avec quelques variantes (Le Concerts des Nations a un effectif un peu plus fourni), les moyens « authentiques » mis en œuvre (choix des instruments, mode de jeu, pulsation motorique, timbales qui claquent) sont proches. Mais le ton et l'esthétique des prises de son les différencient. Leur efficacité toute moderne relève d'un « matérialisme dialectique » musical. Matérialisme, parce que l'accent sanguin mis sur les timbres, l'échelle des dynamiques, la projection des contrastes, engendre une batterie d'effets d'abord sonores. Dialectique, car tous deux soulignent l'opposition entre cordes (la lumière) et cuivres (la noirceur, le sentiment tragique) mais de manière plus pragmatique que poétique.

 

Jacobs est homme du Nord, Savall vient du Sud : il n'y a là rien de neuf, mais cela influe sur le ton et la perception de leur lecture. Le Flamand va loin dans les contrastes de tempo et la noirceur, surtout dans l'« Inachevée », et les contrastes de tempo. Son Schubert intranquille n'est pas sans rudesse, traits brefs et respiration haletante. Les bois, au relief très travaillés (timbre, attaques, articulation) ont leur vie propre entre cordes et cuivres. La sonorité de son orchestre a gagné en cohérence, en concentration, sans effacer son agitation intérieure. Mais Jacobs n'a pas tout à fait renoncé à ces afféteries qui interrogent : quel sens a, dans le Scherzo de « La Grande », cet arrêt sur image à 14' 40'', ce dernier retour du thème brièvement donné aux seuls premiers pupitres (ce qui émacie brutalement un son déjà peu épais) ? L'effet paraît bien artificiel.

 

Le Catalan est plus lyrique, plus mystérieux dans l'« Inachevée » (le grand crescendo de l'Allegro moderato s'apparente à une prière), il ne traite pas de façon aussi frontale les oppositions cordes/cuivres. Mais sa 9e est finalement plus dure et nerveuse que celle de son collègue, la mécanique répétitive des contrastes finissant par poser question. En fait, les deux chefs sont presque à front renversé : écoutez l'Andante con moto de la 8e, Savall plus classique (phrasés), Jacobs plus martial et haletant à la fois, et d'une rapidité qui change le caractère. Ils se rapprochent dans le Trio du Scherzo de la 9e, et distillent en outre des changements de tempo assez abrupts qui dérèglent le pas schubertien.

 

Dans une optique menacée par l'extraversion, on entend du volontarisme, des choix d'interprètes (justifiés par Jacobs dans sa notice-fleuve), mais peu de mystère - ne parlons pas même de transcendance. En un sens, le piège se referme avec l'observance têtue des reprises (finale de la 9e ). Certaines sonorités paraissent en outre bien peu schubertiennes (on préfère ainsi le hautbois de Jacobs à celui de Savall).

 

Blomstedt le montrait encore le mois dernier : les grands anciens savaient que rendre justice au mystère de cette musique exigeait un dépassement.



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