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Analyste: Jean-Christophe Pucek Dans leur note d'intention, Philippe Grisvard et Johannes Pramsholer conseillent d'écouter les trois disques comme autant de récitals distincts. Difficile cependant de refréner une pulsion gourmande après le Duetto de Schaffrath refermant le premier, tant la vitalité, la maîtrise, la complicité des deux compères fait plaisir à entendre. Si les fameuses Sonates BWV 1014-1019 , augmentées des BWV 1020 et 1022 d'attribution incertaine, forment le noyau du projet, son propos consiste à les mettre en regard de pages de contemporains ou de la génération suivante écrites pour la même formation. Telemann (TWV 42/D6) apporte sa diversité de couleurs, Johann Gottlieb Graun et Carl Philipp Emanuel Bach les échos d'une sensibilité nouvelle, galante pour le premier, plus tourmentée pour le second.
Mais la surprise vient de Johann Adolf Scheibe (1708-1776), dont la postérité a surtout retenu les critiques acerbes envers le Cantor dont il fut l'élève. Les trois sonates ressuscitées ici dévoilent un compositeur de talent, capable de verve aimable (Sonate III) mais aussi de profondeur ( Sonate II ). L' Allegro et l' Andante de sa Sonate I montrent à quel point la leçon de Bach a porté ses fruits. Les interprètes se font les avocats de ce mal-aimé avec la même ardeur que des pages maintes fois arpentées de Johann Sebastian. Leur approche fait mouche : les tourments de la BWV 1014 frappent, l'allégresse qui porte la BWV 1016 est irrésistible, la BWV 1017 empreinte d'une énergie farouche. Le clavecin de Grisvard, partout dense et disert, étincelle dans l' Allegro central de la BWV 1019 . Si le violon est éloquent, son jeu n'est pas exempt de quelques tensions passagères, d'une certaine âpreté, et l'intonation paraît parfois près de chanceler (BWV 1018).
Au terme de ce riche parcours, nous retiendrons d'abord l'intelligence de la mise en abîme qu'ils proposent et les découvertes qui en découlent.
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