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Diapason # 712 (06/2022)
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Aparté
AP254




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Analyste: Anne Ibos-Augé

Un peu mystérieuse, l'histoire des Concerts en sextuor . Ils nous ont été transmis par une copie apocryphe datée 1768 (quatre ans après la mort de Rameau) et portant le nom de « Decroix » (propriétaire du manuscrit). Les cinq premiers empruntent aux Pièces de clavecin en concert de 1741, tandis que le sixième (écarté ici), écrit par une autre main, provient des Nouvelles Suites pour clavecin seul.

 

Six archets, pour cette gravure, témoignent d'une volonté de rondeur et d'homogénéité, loin de l'immédiat colorisme de versions pour orchestre de chambre (Paillard) ou avec clavecin et bois (Les Talens Lyriques). Homogénéité mais pas fadeur, tant s'en faut. Peut-être un rien trop uniforme toutefois, tant l'orchestration de Rameau sait être variété avant toute chose. N'importe : les Accents excellent à rendre la diversité des phrasés, des nuances, des types imitatifs, comme la superposition de rythmes parfois complexes. Formules amples (La Boucon), alternance de liaisons et de notes détachées (La Coulicam, L'Agaçante), fusées émergeant de l'entrelacs du discours, rapides (La Laborde) ou plus modérées (La Cupis), mais toujours exactement prononcées, nuances d'une grande délicatesse (dernières reprises de La Timide ou de L'Indiscrète)… Les arrachés des Tambourins, les brèves ponctuations en écho, si légères, de La Pantomime, bénéficient même d'une pointe d'humour bienvenue.

 

Certains choix de tempos accentuent encore l'art du contraste propre à Rameau. Se perçoivent ainsi clairement le contre-chant frémissant de La Livri ou la subtile différenciation des modes d'attaque du menuet mineur du Concert II : on y suit les lignes au contour délicat, les liaisons par deux ou trois, les accents détachés, les parties libres de « remplissage mélodique ». De même pour La Lapoplinière : triolets, phrasés binaires, grands accords, fusées, mélodies chantantes, ponctuations brèves ou plus appuyées se trouvent parfaitement à leurs places respectives. Les fins sont à l'aune de cette diversité : senza rallentando (Le Vézinet, La Laborde ), posées (L'Agaçante, La Rameau, La Marais ) ou très alanguies (La Livri ). Marque de fabrique du compositeur, le contrepoint se raconte enfin sous toutes ses formes : le second rondeau de La Timide renverse le motif du premier, les arpèges brisés de La Rameau se répondent dans toutes les voix y compris les plus graves, La Forqueray arbore même l'indication « Fugue », au-delà des simples échos imitatifs. Decroix l'écrivait bien justement : on touche ici à « l'éclat d'un mérite supérieur ».

 

 


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