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Analyste:
Jean-Christophe Pucek Organiste, poète, Zeutschner fait partie des nombreux compositeurs qui seraient restés dans l'ombre sans l'inlassable curiosité de l'ensemble Weser-Renaissance. Titulaire de la tribune de Sainte-Marie-Madeleine de Breslau (aujourd'hui Wroclaw, en Pologne) durant les vingt dernières années de sa vie, il s'y distingua par des œuvres attestant sa parfaite maîtrise de la polychoralité héritée de Venise, comme le démontre Ehre sey Gott dont l'effectif à douze joue sur les contrastes de volume ; fleurie sans excès, la manière ménage à la fois éclat et intériorité. Porté avec ferveur par le ténor Mirko Ludwig, Es ist kein ander Heyl illustre une veine plus intimiste, dont la clarté mélodique touche au cœur. Pièce centrale du programme, Die Geburth unsers Herrn und Heylandes est une histoire de la Nativité de quelques années antérieure à celle de Schütz (publiée en 1664). Fondée sur les évangiles de Matthieu et Luc, elle alterne récit de l'Evangéliste, interventions de l'Ange apparu à Joseph, puis des bergers ; très fluide, la narration est ponctuée de chœurs à l'opulence cuivrée. On louera le soin apporté par l'équipe de Manfred Cordes tant à la lisibilité du texte qu'à la définition d'une atmosphère à la fois chaleureuse et solennelle, aux couleurs doucement chatoyantes ; l'émerveillement devant l'incarnation du Verbe est tangible. Parmi les
compositions anonymes, mais de style proche, puisées dans la collection Bohn,
retenons le Magnificat « cum rotulis », substituant aux versets dévolus à
l'orgue de courts airs en allemand ; inspirée de Merula, cette page où savant et
populaire se font écho, dimension restituée avec justesse par les interprètes,
est une superbe découverte. Avec de meilleurs contre-ténors, ce disque
remarquable se serait haussé au sommet ; il n'en captivera pas moins tout
amateur de répertoire sacré germanique baroque. |
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