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Classica # 232 ( 05 / 2021)
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Analyste:  Philippe Venturini

COUPERIN, RAMEAU, AU FOYER DES ARTISTES

Le génie de Louis et Jean-Philippe est en partie inscrit dans leur patronyme. Ces deux aIbums nous le prouve brillamment.

Brice Sailly et Justin Taylor ont choisi de visiter Couperin et Rameau mais ils ont ouvert grand leur répertoire. François « le Grand » cède ainsi la place à son père Charles et aux deux frères de ce dernier, François et Louis, l'aîné mais aussi le plus célèbre des trois. Célèbre au point d'être considéré comme un des principaux auteurs du Manuscrit Bauyn. Mais chacune de ses pages ne mentionne que « de Mr Couperin ». Brice Sailly émet alors l'hypothèse que ces quelque cent trente titres ne doivent peut-être pas tout au seul Louis et peuvent le partager avec ses deux frères. Les vingt-quatre plages de son programme restent alors sans prénom. Le mélomane ne découvrira donc aucune pièce nouvelle, la discographie consignant depuis longtemps la musique de « Louis » Couperin, de Davitt Moroney (Harmonia Mundi) à Christophe Rousset (idem et Aparté) en passant par Blandine Verlet (Naïve), Skip Sempé (Alpha) et Bob van Asperen (Aeolus).

Aux commandes d'une somptueuse copie du Tibaut de Toulouse d'Émile Jobin, fort bien enregistrée, Brice Sailly ouvre son récital par un prélude où la richesse de l'ornementation ne contrarie jamais la ligne directrice ni la lisibilité des plans. La noble retenue des allemandes, le sourire mutin des courantes, les trois temps solidement marqués de la Volte, la mélancolie de La Pastourelle ou le drame secret de la fameuse Pavane en fa dièse mineur se révèlent sans le moindre artifice mais avec une incontestable justesse.

Justin Taylor invite aux côtés de Jean-Philippe Rameau son frère Claude, son fils Claude-François et son neveu (pas celui de Diderot) Lazare. Prennent également place deux admirateurs, Jean-François Tapray (ca. 1738 - ca. 1819), qui propose de savoureuses Variations sur Les Sauvages, et Debussy. Pour l'occasion, Justin Taylor troque le merveilleux clavecin attribué à Donzelague du château d'Assas pour un piano Érard de 1891 du musée de la Musique. Commencé dans le murmure des Tendres Plaintes, le parcours s'achève ainsi dans le mystère de l’Hommage à Rameau. Il aura ballotté l'auditeur entre le déhanchement des Cyclopes (virtuosité triomphante mais jamais mécanique), l'humour pince-sans-rire de La Poule et la tendre poésie du Rappel des oiseaux, plus invitation au rêve qu’agitation ornithologique (toucher tout simplement miraculeux).

Deux disques splendides pour se réconcilier avec les réunions de famille. 

   

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