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Analyste:Nicolas Derny
Dix ans après
avoir confronté l'Opus 131d de Reger aux Suites BWV 1007 et 1008
de Bach, Tabea Zimmermann flanque cette fois les BWV 1009 et 1010
de six pièces de Kurtag. Côté baroque, le phrasé distingué de l'altiste fait
oublier la silhouette du violoncelle originel des Suites dès les préludes,
dessinés à main levée (BVW 1009). Si les danses se déploient ensuite sans
l'inventivité du violon historiquement mieux informé de Rachel Podger (Diapason
d'or, cf. n° 682), elles allient la clarté d'une articulation pourtant
sophistiquée à un sens de la rhétorique implacable et une précision élégante du
geste. Les tempos généralement prestes donnent ainsi des ailes aux courantes.
Les sarabandes nous semblent tendres dans l'expression mais un peu sèches de
son, les bourrées de la BVW 1009 se maintiennent avec noblesse, tandis
que la gigue supersonique de la BWV 1010 étourdit - avec quelle
chorégraphie!
Le bouquet composé de pièces
destinées par Kurtag à ses amis musiciens offre un moment autrement introspectif
Les plaintes pudiques de Panaszos nota (Chanson triste) et l'abîme de
réflexion où plonge In nomine - all'ongherese, porté aux confins du
silence, encadrent un tranchant Kromtikus feleselös (Querelle
contrapuntique) nuancé de mille reflets par l'altiste. Un ombre insaisissable
passe au-dessus de ... eine Blume für Tabea... (Une fleur pour Tabea),
aphorisme offert à la musicienne suite au décès brutal de son époux.
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