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Diapason # 675 (01 /2019)
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Naïve
OP30571



Code-barres / Barcode : 709861305711

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Roger-Claude Travers

Giustino n'était connu que par la séduisante version d'Alan Curtis, drastiquement écourtée de douze airs (Virgin, 2001), et par l'intégrale d'Esteban Velardi (Bon-giovanni, 2001), desservie par une révision arbitraire et un plateau modeste. Voici Ottavio Dantone, qui suit le matériel critique impeccable de Reinhard Strohm (il ne manque aucun air) et mettra tout le monde d'accord. 

1724 : Vivaldi le malin répond au cahier des charges précis qui lui était imposé à Rome par le théâtre Capranica. Il retaille pour un plateau uniquement masculin cette histoire magicoféerico-spectaculaire, basée sur un vieux livret (1683) de Beregan utilisé par Legrenzi, révisé par Pariati pour Albinoni en 1711 et qui sera repris en 1737 par Handel. Giustino illustre l'équilibre dramatique entre la vieille langue vénitienne et celle issue de la réforme arcadienne, avec une pincée d'idiome napolitain dernier-cri. Le talent de Dantone est d'avoir lié la sauce intelligemment. L'orchestre est soyeux, la lecture des airs élégante et limpide. Tout avancesans césure, avec des récitatifs accompagnés par un continuo d'une précision au cordeau. Ecoutez par exemple (CD 1, plage 26) cet échange furieux, expressif, vécu entre Vitaliano et Arianna ! Dantone invente des transitions de trompettes pour les scènes solennelles, ose faire grogner l'ours, rugir le monstre, et compose même (géniale trouvaille !) sur un extraordinaire ostinato l'arioso de Giustino « Misero e bencolui » (I, 4) figurant le pas du laboureur suivant lourdement le sillon.

Surtout, Dantone guide ses interprètes en mentor expérimenté. Delphine Galou campe un Giustino idéal. Savourez son hypnotique « Bel riposo de' mortali » (I, 4) figurant le sommeil profond habité par les immortels, que colorent hautbois et flûtes à bec, avec arpèges de théorbe sur pédale de basses. Un modèle, comme l'Arianna d'Emöke Barath, d'une délicatesse vaporeuse et sensuelle dans « Mio dolce amato sposo » (I, 14) et aux diminutions divines dans « Per noi suave e bella » (II, 5). Veronica Cangemi, Leocasta étonnamment discrète, a l'ingénuité un peu futile qui sied à « Nacque al bosco » (I, 6). Emiliano Gonzalez Toro confère au barbare Vitaliano des ornements conquérants et une assurance virile, qui le différencient vocalement de la rudesse de Polidarte, alias Alessandro Giangrande, l'autre ténor - qui ose endosser également, en registre de fausset, le rôle d'Andronico travesti en Flora. Un accomplissement fragilisé in extremis par un coup du sort. La défection de Valer Sabadus nous prive d'un Anastasio (ici la solide Silke Gäng) suffisamment caractérisé pour le distinguer dans les récitatifs d'Arianna et même du traître Amanzio. Qu'importe, Giustino , l'un des meilleurs opéras de Vivaldi, a trouvé sa référence.


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