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Diapason # 672 (10 /2018)
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Alia Vox
AVSA9927



Code-barres / Barcode : 8435408090271

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Analyste: Jean‑Luc Macia
 

Cela fait des an­nées que Jordi Savall travaille sur ce document unique et passionnant qu'est le Codex de Trujillo, un recueil constitué au Pérou par Martinez Companon, chantre à la cathédrale de Lima puis évêque de Trujillo de 1779 à 1790. C'est là que ce prêtre originaire de Salamanque, pétri des idées des Lumières, amassa dans neuf volumes manuscrits une énorme quantité de documents sur la vie et la culture locales, dont mille cent quarante et une aquarelles magnifiques. L’un des volumes contient vingt compositions musicales qui, si l'on en croit le Codex, devaient être dansées en chantant (« Bailar cantando ») lors de fêtes religieuses ou profanes.

Malgré les difficultés provenant de notations sans grand rapport avec celles de l'Europe, de rythmes plus ou moins définis, et grâce à la trentaine d'aquarelles représentant des scènes de fêtes musicales et dansantes, Savall et quelques éminents spécialistes ont pu proposer une interprétation de ces musiques si particulières. Les influences européennes (notamment espagnoles, du plain‑chant à la musique mozarabe) s'hybrident à des traditions africaines arrivées au Pérou avec les esclaves, et surtout à des usages indigènes liés à la culture amérindienne. Écrits pour la plupart dans un castillan mâtiné d'expressions locales, mais parfois aussi dans des idiomes indiens, les poèmes peignent des chagrins amoureux, des déclarations passionnées, des invitations à la danse...

On s'en doute, maître Jordi ne lésine pas sur les instruments parmi les plus pittoresques, et globalement ce qu'on entend là est une débauche de percussions (y compris les marimbas et maracas du Tembembe Ensamble), de guitares et harpes, de flûtes, sacqueboutes et cornets. Et les sept chanteurs de la Capella Reial s'en donnent à coeur joie quand l'ivresse du poème les y invite. S'il s'agit donc le plus souvent de danser en chantant, les arrangements, par leurs couleurs et leurs harmonies, nous guident dans un monde riche de sens et totalement dépaysant. Le défilé extravagant et festif, peu à peu étourdissant, s'interrompt quelquefois, comme avec cette grave tonada (plage 13) où un soliste poignant et un petit choeur d'hommes nous affirment « ce que l'on dit en pleurant touche l'âme ».


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