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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Gaëtan NauIleau « J'appellerais la mort » : clamé quatre fois, toutes différentes. « Si toi, mon Jésus, tu ne m'aimais pas » : une fois suffit, tel un mot magique. Quatre fois encore l'appel ténébreux. Pour une fois seulement le nom salvateur. Rhétorique des proportions simple comme bonjour mais portée, dans cet abîme de la BVVV 57, à un degré de raffinement mélodique et harmonique dont Bach a le secret. La cantate, qui fait dialoguer une âme éreintée et son Sauveur, a connu plus d'une soprano splendide : presque toutes voulaient s'extasier sur les douleurs de cet air. Sophie Karthäuser, comme Dorothea Röschmann il y a dix ans (avec Quasthoff, DG), presse le pas pour dire l'anxiété suicidaire tandis que les basses palpitent; l'air (4'15") prend alors deux minutes de moins que chez Joanne Lunn (Gardiner), Hana Blazikova (Suzuki) ou Salomé Haller (Les Folies Françoises). Karthäuser y sculpte de telles ombres (aussi dans le premier numéro de la BVVV32) qu'elle pourrait bien réussir demain, malgré la tessiture assez basse de la BVVV 199, ce qui résistait il y a un an à Carolyn Sampon (cf. no 659). Sa maturité la rapproche des bachiennes « intellos » (Röschmann mais aussi Schäfer ou Kozena) et prend nettement ses distances avec le chant plus ethéré qui répondait, en 2004, à l'orchestre de Sigiswald Kuijken (Cantates BVVV 55, 98 et 180, son seul disque Bach jusqu'ici). Retour à la BVW57: comment Jésus répondra‑t‑il ? Bach offre à la basse un air qui, à l'opéra, tomberait sans un pli dans le costume de Jules César exhortant ses armées (« Oui, je peux battre les ennemis qui te dénoncent sans cesse auprès de moi, ainsi donc, ressaisis‑toi. »). Michael Volle l'endosse avec l'autorité précise qu'on lui connaît en scène... chez Wagner. Le premier air de la cantate, avec ses vocalises et ses tenues, l'éprouve davantage mais l'exigence avec laquelle cet Amfortas (et Wolfram, Kurwenal, Hans Sachs ... ) discipline son chant pour que la ligne n'enclave jamais le mot mérite plus que du respect. La vivacité de ses réponses face à la soprano est un bonheur dans le duo ludique de la BVVV 32, scène d'opéra là encore (duo ardent de l'âme soulagée que Jésus « tiendra sans cesse enlacée »).
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