Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
Analyste:Sophie Roughol
Depuis presque dix
ans, une voix singulière a rejoint Les Arts Florissants (Monteverdi, Gesualdo),
Pygmalion, l'équipe de Gardiner (dans la trilogie Monteverdi) et avant tout
Correspondances, Sébastien Daucé lui ayant confié la mémorable Ouverture du
Ballet royal de la nuit. Lucile Richardot a d'abord surpris ‑ maîtriser ce
contralto puissant, à la projection très directe et à l'ambitus impressionnant
ne fut probablement pas chose aisée. Daucé est toujours à son côté dans ce
premier récital inattendu : ni musique française, ni musique italienne, ou
plutôt les deux, dans une enveloppe anglaise. Voici donc un panorama de
l'Angleterre du XVIIe siècle, glissement progressif de la musique de cour à la
musique de théâtre et de ville dans ces années chahutées, ouvertes vers le
continent mais toujours teintées de l'impalpable mélancolie. Robert Ramsey, John
Hilton, John Banister ou William Webb s'allient à des noms moins rares comme
Robert Johnson, le Français Nicholas Lanier, William Lawes, John Blow et last
but not least Purcell, pour une plage seulement – pur joyau.
La variété des formes, élégies, masques de cour, consorts, airs de
scène, rejoint celle des effectifs
(où quelques voix amies s'invitent à l'occasion). Le grain et la longueur de
voix de Lucile Richardot font merveille dans la noirceur, mais sa présence nous magnétise dans bien
d'autres registres. L'airain va de pair avec une clarté exceptionnelle
d'élocution et l'absence de tout engorgement, une lumière dorée nimbe les aigus.
Et quand la dynamique passe en un claquement de doigts du pianissimo au forte,
c'est sans outrance, sur le fil tendu de l'intelligence. Alors... Mezzo (comme
dans la pièce de Lanier « No more shall meads ») ? Contralto ? Oublions les tiroirs, et admirons
cette noblesse d'intention et ce sens du collectif. Toujours plein de tact,
Sébastien Daucé sertit les reflets de cette perle rare avec une économie de
moyens admirable ‑ et sans se répéter. Précipitez‑vous sur la
plage 16, « Poor Celadon, he sighs in vain » de Blow: angoisse amoureuse
hypnotique, fermeté du chant là où d'autres s'alanguiraient sur l'instabilité
harmonique du continuo, plasticité de l'artiste qui
s'infiltre dans l'écrin du tutti avec une infinie douceur.
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