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Erato |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie
Bigorie Cantates arcadiennes, La Resurrezione, Il Trionfo del Tempo e del Disinganno... : les incursions haendéliennes au disque d'Emmanuelle Haïm étaient jusqu'à présent placées sous le soleil d'Italie. Avec Le Messie, les enjeux sont tout autres : animer la fresque biblique tout en ménageant les échappées intimistes dont le grand air « He was despised and rejected » constitue le coeur émotionnel. Pour ce faire, on a fait appel à un quatuor vocal d'outre‑Manche dont chacun des membres joue et enregistre (Lucy Crowe et Tim Mead ont gravé plusieurs Haendel chez Chandos) cette musique depuis longtemps, l'excellent David Bates officiant lui comme chef de choeur. Force est de constater que la greffe a pris tant ce beau monde semble accordé aux mêmes diapasons, celui de l'esprit inclus. Quelques réserves toutefois sur le ténor Andrew Staples, évangéliste au souffle court dont la palette expressive limitée tranche avec l'investissement de tous les instants à l'oeuvre chez ses partenaires. Timbre androgyne et sensibilité frémissante, Tim Mead cumule toutes les qualités du « contre‑ténor anglais » (idiomatisme, voix diaphane) sans en avoir les défauts (manque d'homogénéité des registres, préciosité). Christopher Purves, on s'en serait douté, excelle dans « The trumpet shall sound »: autorité, force de caractère, tout y est.
La grande gagnante est bien sûr
Emmanuelle Haïm, qui réalise un travail d'orfèvre à la tête de son Concert
d'Astrée: des graves et un continuo magnifiques, un sens des respirations et
de la grandeur à l’opposé des versions « baroqueuses premières manières »
(Christopher Hogwood
/
l'Oiseau‑Lyre) mais sans
grandiloquence. Une très belle version qui n’a pas à rougir devant les
références que restent John Eliot Gardiner (Philips), Paul McCreesh (Archiv)
et René Jacobs (Harmonia Mundi). | |
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