Texte paru dans: / Appeared in:
*

Diapason # 630 (12/2014)
Pour s'abonner / Subscription information


Naïve V5369



Code-barres / Barcode : 0822186053690 (ID482)


Consultez toutes les évaluations recensées pour ce cd ~~~~ Reach all the evaluations located for this CD

Appréciation d'ensemble:

Analyste: Sophie Roughol

Premier round en 2013, quand Denis Morrier arbitrait le match Fagioli/ Caffarelli versus Jaroussky/Fari­nelli, avec pour sentence, solidement argumentée : Trois Diapason pour le brio ostentatoire du premier, Cinq pour la fine maîtrise du second... protestations indignées sur la Toile et ailleurs. Comment refuser au héros mythique du « Vo solcando un mar cruciale » d’Artaserse une suprématie dans le trille, le passage, la roulade, le saut d'octave, et tutti quanti du bel canto baroque, face à un Jaroussky censé perdre de sa superbe ?

2014: Jaroussky prend la pose derrière une grille tel une pensionnaire de la Pietà … tandis que Fagioli lui succède chez Porpora. On se croirait revenu au bon vieux temps des Napolitains... Porpora, le maître de Senesino, Farinelli, Caffarelli, Porporino et aujourd'hui de Fagioli, méritait bien cette reconnaissance en tant que compositeur : Fagioli n'esquive pas le tube, la sublime prière « Alto Giove » (Polifemo), écrite pour Farinelli. Mais il déniche aussi de beaux inédits: colorature de « Se tu la reggi ai volo » d'Ezio, aria di tempesta de Didone abbandonata, ambitus affolant de « Nell'attendere il mio bene » de Polifemo, auquel répond « Spesso di nubi cinto » (Carlo il Calvo) et sa cadence a cappella tutoyant les enfers.

Fagioli ose délaisser parfois la pyrotechnie pour la poésie, domaine où Porpora‑chanteur était sans rival aux yeux de ses contemporains. Le dialogue avec violon d'« A voi ritorno campagne amene » (Il ritiro) n'est pas loin du sublime: enivrement du timbre, égalité exceptionnelle du souffle, engagement de l'interprète qui compense la pauvreté dramatique d'un tel enchaînement de moments choisis. Fagioli est une star aux moyens prodigieux... qui se caricature dans une jubilation égocentrique inutile chez Porpora, castrat noble entre tous. Ailleurs ‑ dans une autre musique, dans le rythme d'un opéra, sans l'accumulation du récital... et dans le Siroe de Hasse qui paraît conjointement, … ‑ il nous éblouirait sans doute. Mais ici, ces trilles gargouillants, ces graves poitrinés, cette diction de chamallow étrangement combinée à une ligne surarticulée en permanence, nous insupportent. La note est une moyenne entre l'admiration, la qualité du programme, et l'agacement.

Fermer la fenêtre/Close window

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews