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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie
Bigorie
HERVÉ NIQUET FÊTE JEAN‑PHILIPPE
RAMEAU Tant de talents conjugués font bien de ce premier enregistrement des « Fêtes de L’Hymen et de l’Amour » de Rameau une référence !
Fruit de la collaboration avec Louis de Cahusac, le ballet héroïque Les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour naquit durant la période qui suivit la création de Dardanus (1739) où Rameau souhaitait mettre un frein à sa production opératique. On a beaucoup raillé les qualités du livret dont les trois entrées (Osiris, Canope et Aruéris) accumulent sinon les naïvetés, du moins un exotisme décoratif que l'enchantement recherché ‑ à travers les effets extraordinaires de la nature, de la magie et des interventions divines ‑ ne parvient pas toujours à transcender. À charge pour les interprètes de réaliser « l'hymen » du texte et de la musique fourmillant d'une inventivité sans cesse renouvelée entre air et récitatif, orchestrations et spatialisation, variété rythmique (on n'hésite pas à faire danser le rigodon aux amazones) sans parler des symboles maçonniques par lesquels Cahusac affuble la figure d'Osiris... Ce qui frappe justement dans la direction d'Hervé Niquet est un flux dramatique d'une seule coulée qui vise à souder les différents épisodes propres aux trois entrées, les flamboyants coloris de l'orchestre prenant le relais de ce qui semble en soi si peu phonogénique: le ballet. Si Jennifer Borghi est peu convaincante, le reste du plateau vocal atteint les sommets, et la prosodie française une altitude inespérée : Chantal Santon‑Jeffery déploie des trésors de sensibilité en Orthésie, Memphis vouée au sacrifice trouve en Carolyn Sampson des accents déchirants, mais c’est à la (vraie) haute‑contre Reinoud Van Mechelen que reviendrait la palme de l'élégance et du style. Une grande réussite . | |
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