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Analyste: Sophie Roughol
En couverture, Philippe Jaroussky posté derrière une grille évoquant la Pietà vénitienne. Les pensionnaires féminines de l'institution charitable, qui avaient pour maître de musique le Prêtre roux, restaient ainsi protégées des rumeurs du monde, et quasi invisibles aux visiteurs transportés par leurs voix. Le programme s'éloigne de la Pietà avec le célèbre Stabat Mater RV 621, composé en 1711 à Brescia pour les Oratoriens, et de fait créé par un alto masculin, à la différence des autres pièces au programme. Pas de Nisi Dominus ? Parce qu'il figurait déjà dans un album dirigé par Jean‑Christophe Spinosi, où le Stabat Mater revenait à Marie‑Nicole Lemieux (Naïve). Couplée à un DVD anecdotique où le héros se balade à Venise, la couverture énervera les détracteurs du contre‑ténor français et séduira ses fans. Bref, la routine. Sauf que l'aristocrate Jaroussky, qui « dirige » de la voix un ensemble Artaserse sûr et sobre, vaut bien mieux que cette image: phrasés soupesés, ornementation mesurée, dialogue ourlé avec un hautbois dans le Domine Deus du Gloria, tempos jamais précipités. S'il n'agresse ni la note ni le mot, Jaroussky prend aussi le risque de survoler le sens. La jubilation légère du troisième mouvement de Clarae stellae RV 625, l'adoration de la fin du Salve regina RV618, le dolorisme de Filiae maestae Jerusalem RV638, au texte bridé par une retenue excessive, lui vont certes mieux que la rage trop policée du début du Longe mala RV629. Mais quel bel instinct! Au poids impossible du « Quis est homo qui non fleret » du Stabat ‑ pour sa voix et pour le petit orchestre ‑ Jaroussky substitue une extase douce‑amère, pour un supplice à déguster avec délice: « Fons amoris ». C'est fou ce que ça détend après les banderilles plantées par Franco Fagioli sur le dos de Porpora. |
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