Pour souhaiter la bienvenue à la mezzo Alice Coote, le label Hyperion lui offre un cadeau sous forme d'un récital sobrement intitulé « Haendel Arias ». Pas de concept alambiqué, donc, ni de stars du chant baroque dont il s'agirait d'honorer la mémoire: simplement des airs enchaînés, extraits d'oratorios et d’opéras, parmi lesquels les deux premiers opéras italiens du compositeur écrits pour Covent Garden: Alcina et Ariodante. Sont privilégiées ici les mélodies charmeuses plutôt que les airs héroïques, d'où un certain statisme du rythme dramatique qui aurait gagné à davantage de variété. D'autant qu'Harry Bicket ne compte ni parmi les créateurs d'atmosphères ni parmi les coloristes. Sa direction semble démissionnaire à plusieurs endroits, se contentant de suivre de loin le colloque raffiné de la voix et du hautbois (« Quando mai, spietata sorte ») ou gommant les rythmes de danses là où ils devraient s'immiscer dans la trame polyphonique (la sarabande de « Verdi prati »). Livrée à elle‑même, Alice Coote chante des notes. Elle fait cela très bien ‑ malgré de petits portamentos intrusifs ‑, aidée d'un beau timbre de bronze, mais il ressort une absence flagrante de conviction. « Stànell'Ircana » manque de coruscant, les affres de la folie ne guettent pas « Where shall I fly », et « Cease, ruler of the day, to rise » ne suscite pas d'empathie pour la figure tragique de Déjanire. Osera‑t­on dire qu'on y entend une chanteuse plutôt qu’une artiste ? Si d'autres enregistrements (notamment « The power of love », mélodies anglaises où elle est accompagnée de Graham Johnson) apportent un démenti à cela, le présent récital ne peut prétendre rivaliser avec les témoignages autrement plus investis d’une Janet Baker ou d'une Lorraine Hunt.

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