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Analyste:
Gaétan Naulleau Tous les choeurs qui s'échinent dans le Stabat Mater de Domenico Scarlatti feraient bien de suivre le modèle de l'équipe praguoise. La partition à quatre parties et basse continue de Frantisek Tuma (1704‑1774) ne met jamais ses interprètes en danger mais stimule autant leur imagination sonore que le fameux labyrinthe à dix voix. Un grand quart d'heure où les sept chanteurs du Collegium Vocale 1704 distillent une dévotion intime et intense, menée par la soprano Hana Blazikova. Ses mots ciselés, appréciés régulièrement dans les cantates de Bach au côté de Masaaki Suzuki et Philippe Herreweghe, inspirent six partenaires aussi subtils. Elle trace seule sa ligne, eux sont par deux, dans une belle perspective. Tuma aurait pu traiter deux ou trois strophes en petits airs solistes pour varier à peu de frais les plaisirs (donc le supplice de la Vierge au pied de la croix). Formé à la rude école contrapuntique de Fux, il mise au contraire sur la continuité d'un contrepoint au timing précis: rien ne se répète au fil d'un texte obstinément doloriste, une lumière douce se mêle en clair‑obscur aux ombres du tombeau. Vaclav Luks dose impeccablement ses effets et approfondit les textures avec un continuo (orgue, violoncelle, contrebasse et théorbe) d'autant plus efficace qu'on ne le remarque pas. Bonne pioche avec la sonate en trio d'un certain Johann Georg Orschler, copiée par le grand Pisendel et mise en scène par l'admirable Helena Zemanova. La dernière partie du triptyque nous ramène à l'église et aux disciples de Fux. Comment
renouveler l'approche d’un texte chanté sans cesse (Sub tuum praesidium,
qui à Vienne et à Dresde concluait les dévotions mariales du samedi) ? Les
trois pages de Zelenka explorent autant de pistes avec brio sans changer
l’effectif à quatre. Ce programme splendide et rare nous montre aussi
comment le compositeur des
messes les plus exubérantes de
son temps savait épurer son écriture dans des Sanctus et des Agnus
Dei alla Palestrina. |
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