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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Pierre
Doridot RAMEAU HONORÉ EN GRANDE POMPE
C'est la version augmentée du « Requiem » de Jean Gilles pour les obsèques ‑ 'de Rameau qui nous est donnée à entendre par Skip Sempé en première mondiale.
La composition d'une messe de Requiem est influencée par l'évolution des formes musicales et la sensibilité de son auteur. Si certains musiciens ont misé sur le dramatisme, le mysticisme, l'effroi jusqu'au pathétisme voire la terreur, c'est le recueillement et la sérénité qui ont guidé Jean Gilles dans la composition de son chef‑d'oeuvre . C'est un Requiem à l'accent méridional, baigné de lumière, un rituel rassurant, humain d'abord, à la simplicité pastorale, une sorte de retour aux sources du premier baroque français. L'histoire de cette messe est curieuse. Commandée par la famille de deux conseillers au Parlement de Toulouse, puis refusée estimant que son exécution serait trop onéreuse... Vexé et furieux, Gilles déclara qu'elle ne serait chantée par personne et qu'il voulait « en avoir l'étrenne ». Il ne pouvait si bien dire... sa mort le surprit quelque temps après, et c'est son ami Campra qui la dirigea pour ses funérailles à TouIouse… et la fit connaître à Paris. Cette messe, véritable « tube » au XVIIe siècle verra sa partition originale modifiée selon les circonstances. Ainsi, pour les obsèques de Rameau le 27 septembre 1764, Rebel et Francoeur y ajoutent des extraits de Castor et Pollux, Dardanus et Zoroastre et rendent ainsi hommage au grand Dijonnais. Nous sommes loin du théâtre radieux versaillais des versions de Herreweghe (Archiv et HM), de la fraîcheur sereine de Niquet (Accord), aux couleurs ambrées, d'une extraordinaire sensibilité. Skip Sempé réussit la difficile combinaison entre gravité, solennité (ô combien !) et la sérénité de l'oeuvre originelle. C'est somptueux. On ne pouvait rendre plus bel hommage à Jean Gilles et à Rameau. | |
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