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Mirare |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Philippe Venturini A première vue le programme semble étrangement composite. On risquera alors d’y voir une rencontre européenne : I'Angleterre pour le titre, la France pour la forme suite, l'Italie pour le concerto et l'Allemagne pour le choral . Le passage des frontières s’effectue en douceur grâce à un agencement toujours heureux des tonalités. Avant de découvrir chaque étape, la lecture seule du plan laisse supposer que Pierre Hantaï n’a pas choisi de se presser. Autrement, il aurait ouvert son disque par le tutti d'orchestre vivaldien du prélude de la Suite anglaise no 2 et non la méditation d’un choral (« Celui qui laisse Dieu régner sur sa vie »). L’écoute confirme assez vite cette volonté manifeste de prendre de la hauteur, de s'accorder du temps. Pierre Hantaï se distingue ainsi de Christophe Rousset (Ambroisie, 2003), fauve impatient, et Carole Cerasi (Metronome, 2005) à l'éloquence brillante. Personne n’avancera que Pierre Hantaï lambine mais il musarde souvent comme en témoignent les arpèges d'ouverture de la Suite anglaise no 6 généreusement déployés. Il peut alors creuser les sarabandes et entraîner l'auditeur dans un monde de secrets et de confidences. Qui cherche le sport considérera sans doute le Concerto italien pas assez pugnace. Mais quelle douce rêverie que l'Andante aux basses en jeu de luth ! Et qu’on ne s'y trompe pas, il n’y a nulle nonchalance dans ce style au toucher toujours aussi admirable. A‑t‑on déjà entendu gigue de la Suite anglaise no 6 au chromatisme aussi obstiné et au bourdonnement du trille aussi entêtant ? Le voyage se révèle beaucoup moins tranquille que prévu. | |
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