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Analyste: Xavier Bisaro Cette intégrale de l'oeuvre pour orgue combine ancien et inédit. Retour en 1998: Olivier Vernet grave une lecture assez tiède de quelques pièces solistes et des concertos, noyés dans une réverbération peu propice aux détails de cette musique qui en recèle tant. Quinze ans passent et voici les cinq sonates composées à la fin des années 1750, les fugues et quelques oeuvres isolées enregistrées sur l'orgue Thomas de Strasbourg, influencé par la facture allemande du milieu du XVIIIe siècle. Le lieu et le temps ont manifestement joué en faveur de l'interprète : acoustique feutrée, timbres somptueux (un seul jeu suffit pour certains mouvements lents) et, surtout, exécution absolument convaincante. On oubliera vite quelques tics, dont les accords surdétachés sauvés par la précision de la mécanique et la régularité du vent de l'instrument, pour retenir avant tout la virtuosité de Vernet. La netteté de l'articulation jusque dans les traits les plus véloces est admirable, de même que la volubilité des ornementations dans les reprises des mouvements vifs.
Ne brisant jamais la continuité
du discours, Vernet parvient à une synthèse accomplie entre le souffle
rhétorique (primordial chez l'auteur du Versuch über die wahre Art das
Clavier zu spielen) et le caractère brillant de ses sonates destinées à
la récréation d’Anna Amalia, la soeur cadette de Frédéric Il. Mais la
surprise de l'auditeur réside plutôt dans la profondeur des intentions
guidant l'interprète pour les mouvements médians des sonates. Là où on
redoutait la futilité d'un précédent album Haydn (cf no 559), Vernet explore
les recoins sombres et tourmentés de l'inspiration de Carl Philipp Emanuel,
compositeur animé par les sentiments contradictoires de l'Empfindsamer
Stil. Abandonnant toute posture démonstrative et dialoguant avec une
musique qui lui convient à merveille, Olivier Vernet nous livre un de ses
disques les plus accomplis. Raison supplémentaire pour se réjouir de cette
contribution essentielle à la discographie
de C.P.E. Bach.
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